Les terrasses se remplissent et les masques tombent. Une liberté retrouvée progressivement grâce à une circulation mesurée du virus en France. On en viendrait à oublier le terrible bilan de ces derniers mois : le Covid-19 a tué 110.000 personnes en France depuis le début de la pandémie. Un bilan qui aurait pu être bien moins lourd selon le quotidien Le Monde, si jamais le confinement avait débuté dès le mois de février.
Plus de 14.000 décès auraient pu être éviter
Dans un article publié vendredi, le journal Le Monde s'interroge : combien de vies humaines auraient pu être sauvées si le gouvernement avait confiné les Français début février 2021, comme le lui conseillaient les scientifiques, et non pas début avril, contraint et forcé par la saturation des hôpitaux ? Selon les calculs de l’épidémiologiste Pascal Crépey, de l'Ecole des hautes études en santé publique de Rennes, 14.000 décès, 112.000 hospitalisations et 160.000 cas de coronavirus long auraient pu être évités.
Pour réaliser ces calculs pour Le Monde, Pascal Crépey a pris les courbes d'évolution des trois principaux indicateurs épidémiologiques que sont les décès, les réanimations et les hospitalisations et a décalé dans le temps la courbe d'impact des mesures de confinement prises en avril à février. Un calcul théorique qui permet de donner un ordre de grandeur.
En février, le variant anglais du coronavirus circulait activement sur le territoire. Freiner sa diffusion aurait effectivement évité des morts. Mais le calcul a des limites posées par Pascal Crépey lui-même. "Si vous changez la situation épidémiologique, à un moment, les conséquences de ce changement se prolongent dans le temps. Donc, c'est difficile de savoir si on aurait été en mesure de garder un niveau de circulation très bas de mars jusqu'à juin", analyse l’épidémiologiste.
Plusieurs causes au ralentissement de la circulation du Covid-19
Pascal Crépey assure également que le confinement n’est peut-être pas la seule raison du ralentissement de la circulation du virus actuellement. Pour lui, "la vaccination et l'avancée de la saison printanière et estivale nous aident peut-être à garder l'épidémie sous contrôle".
Autre objection : les Français auraient ils accepté les mesures dès le mois de février ? Selon Pascal Crépey le niveau de circulation du virus, même s'il était élevé, restait alors sur un plateau. Plus difficile pour convaincre la population.