Des températures record et un soleil imposant. La France souffre des fortes chaleurs, en ce mois de juin. Et la peau n'est pas épargnée. Alors que 90.000 nouveaux cas de cancers cutanés sont diagnostiqués chaque année à travers le pays, une enquête révélait récemment qu'au moment d'acheter leur crème solaire, six Français sur dix (61%) ne tiennent pas compte des indications figurant sur l'étiquette, mais se décident en fonction du prix, de la texture et de la forme du produit.
Et pourtant, plusieurs renseignements s'avèrent particulièrement importants pour préserver sa santé. Europe1.fr vous guide afin de choisir la crème de la protection solaire.
- Comment choisir le bon indice de protection ?
Mieux vaut dans tous les cas privilégier des crèmes dont l'indice de protection dont le SPF est de 30 ou 50. Celles-ci sont capables de limiter à 97% la pénétration des UVB, des rayons ultraviolets plus courts, responsables des coups de soleil et des cancers de la peau. Bref, de véritables ennemis pour l'épiderme. Tout dépend ensuite de votre type de peau. Si elle est blanche, il est recommandé de commencer par du 50+, avant de progressivement passer à du 30 si elle s'est adaptée aux premiers jours de bronzage. Les personnes rousses ou blondes, à la peau plus fragile, sont cependant invitées à rester sur du 50+.
Sur une peau mate ou noire, un SPF de 30 peut en revanche faire l'affaire, car sa pigmentation la protège en partie des UV. La personne en question peut ensuite passer à un indice de 20. "Mais si la personne a des problèmes cutanés, si elle fait des allergies solaires ou si elle prend des médicaments photosensibilisants, elle doit évidemment adapter sa protection solaire", rappelle le Dr Dominique Ores Taar, dermatologue en région parisienne.
Les peaux mates et les peaux claires ont néanmoins la même réaction face aux UVA. Ces rayons, plus traîtres car aux conséquences moins visibles à court terme, sont aussi responsables des cancers de la peau et de son vieillissement. D'où l'importance de repérer le logo correspondant sur les emballages, dont certains portent alors la mention "large spectre", indiquant que la crème vous protège contre la plupart des rayons UVA et UVB.
- Y a-t-il des ingrédients à éviter ?
"De préférence, il faut éviter l'alcool. C'est assez difficile de ne pas en trouver, mais certaines brumes anti-solaires baignent dedans. Or, l'alcool est toxique pour les cellules, exhausteur de pénétration et sur le plan cosmétique, il assèche la peau", prévient Céline Couteau, maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie à l'Université de Nantes.
" S'il y a vraiment un filtre à éviter, c'est l'octocrylène "
"S'il y a vraiment un filtre à éviter, c'est l'octocrylène", ajoute pour sa part Virginie*, déléguée médicale depuis trente ans dans un grand laboratoire. Ce filtre solaire, responsable de nombreuses allergies, et notamment sur les enfants, "est utilisé par la plupart des labos, car il est résistant à l'eau et à la sueur, et s'avère très performant contre les UVA". "Les allergies ne surviennent pas sur l'ensemble de la population. Si on commence, plus personne ne va se protéger", tempère Céline Couteau, qui analyse les contenus et l'efficacité de dizaines de crèmes solaires sur le blog qu'elle dirige avec sa collègue Laurence Coiffard.
Les crèmes parfumées, parce qu'elle peuvent laisser des tâches sur la peau, sont également déconseillées.
- Comment protéger son enfant ?
Bien qu'ils soient particulièrement vulnérables au soleil, il est recommandé de ne pas crémer un enfant de trois ans et moins. Mieux vaut donc privilégier des moyens de protection physiques tels que le parasol, les vêtements longs ou les combinaisons anti-UV et, dans la mesure du possible, d'éviter toute exposition continue au soleil.
" Les différences de compositions entre les crèmes familiales et 'kids' sont infimes "
Quant aux crèmes spécialement conçues pour les enfants, elles "n'apportent aucune valeur ajoutée, les différences de compositions entre les crèmes familiales et 'kids' sont infimes", selon 60 millions de consommateurs, qui consacre un test comparatif aux crèmes solaires dans son numéro d'été sorti jeudi.
Le magazine rappelle d'ailleurs qu'"aucune recommandation officielle n'indique qu'il faille choisir des produits estampillés 'enfants' pour les plus jeunes".
- Lotion, spray ou huile, quel est le meilleur ?
Selon une récente étude de l’organisation américaine Environmental Working Group (EWG), qui a comparé 880 crèmes solaires entre elles, celles en aérosol seraient moins efficaces que les lotions, leur application étant moins homogène et l'inhalation du produit pouvant être nocive pour le système respiratoire.
" Privilégier les textures crémeuses plutôt que les émulsions fluides "
"Il faut privilégier les textures crémeuses plutôt que les émulsions fluides", confirme la cosmétologue Céline Couteau. "Plus c'est épais, plus c'est blanc, plus c'est efficace. Le spray, c'est très agréable, c'est léger, mais il faut en remettre tout le temps", admet également Virginie. "Certaines zones peuvent aussi être plus facilement oubliées, comme les oreilles par exemple", continue-t-elle.
De plus en plus de poudres et fonds de teint affichent par ailleurs des indices de protection sur leur emballage. Ceux-ci restent néanmoins trop faibles pour protéger du soleil en cas d'exposition continue.
- Faut-il opter pour une crème bio ?
Et les crèmes bio, alors ? Présentées comme moins nocives pour l'environnement, elles ne contiennent ni conservateurs, ni parabens, ni produits synthétiques, mais sont souvent critiquées pour leur côté plâtreux et très blanc. Les responsables se nomment notamment oxyde de zinc, dioxyde de titane ou encore talc. Cet aspect, qui n'est pas forcément le plus agréable, est difficile à réduire, à moins d'y ajouter des nanoparticules. Là est le risque, car les nanoparticules sont soupçonnées de traverser la barrière épidermique. Mais pas de panique, la mention [nano] est censée apparaître sur la liste de composition des ingrédients.
Avec Laurence Coiffard, Céline Couteau se bat, elle, contre les filtres 100% minéraux. "Un seul filtre ne sera jamais aussi efficace qu'un mélange de filtres. Concernant les crèmes solaires, le bio est une chimère". "Le bio en cosmétique, ça n'existe pas. Il y a toujours un principe actif qui joue le rôle de conservateur", reconnaît aussi Virginie, la déléguée médicale.
Et l'universitaire de conclure : "choisir sa crème solaire, ce n'est pas comme choisir son melon. Le grand public n'en a pas la capacité. Mais s'il fallait donner un conseil, je privilégierai les formules simples des grandes marques".
Faut-il se protéger toute l'année ?
À la plage, la protection solaire est devenue un réflexe. Mais le sable blanc n'a pas l'exclusivité du soleil. Déjeuner en terrasse, trajet qui mène au bureau, promenade dans un parc… ces moments d'exposition ne doivent pas être négligés. Mettre régulièrement un écran anti-UV freinerait également le vieillissement de la peau, selon une étude australienne, Annals of Internal Medicine. Cependant, pas la peine de se badigeonner le corps et le visage en plein mois de février. "Une crème anti-âge aura la même efficacité sans filtre", explique Céline Couteau. La peau a de toute façon les capacités nécessaires pour se défendre elle-même contre une exposition normale. À ne pas être assez "attaquée", elle ne saurait plus se défendre...
*Le prénom a été modifié pour des raisons de confidentialité