Le psoriasis est l'une des maladies de la peau les plus répandues. Entre 3 et 4% de la population française, soit environ deux millions de personnes, en seraient atteintes, selon différentes études. "Le psoriasis est une maladie chronique et inflammatoire qui touche principalement la peau, mais pas seulement. Il peut aussi y avoir des atteintes articulaires, des rhumatismes articulaires. C’est un renouvellement trop important de la peau, en trois-quatre jours. Cela explique qu’il y a une accumulation de peau morte, qui se traduit par des plaques rouges et épaisses", explique Emilie Sbidian, dermatologue à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. Invitée jeudi dans l'émission "Sans Rendez-Vous" sur Europe 1, elle a ensuite détaillé les différents traitements qui existent contre cette maladie.
Le traitement local par des crèmes
"Tout le monde aura une crème contre le psoriasis, à base de cortisone et qui est donc anti-inflammatoire. Il y a un autre type de crème qui mélange cortisone et vitamine D, qui agit sur le renouvellement trop important de la peau. Ces crèmes ont un effet quand le patient a quelques plaques. Par contre, pour les patients avec beaucoup de surfaces atteintes, on comprend la difficulté de ces crèmes : ça colle, on met du temps à l’appliquer, les cheveux sont gras… C’est surtout utile pour les patients avec un psoriasis minime."
Le traitement par photothérapie
"C’est un très bon traitement du psoriasis. C’est fait évidemment en cabinet de dermatologie. Il y a un type de photothérapie où on va prendre un médicament quelques heures avant la séance, qui dure deux-trois minutes à raison de deux à trois fois par semaine. C’est un traitement très efficace, qui marche assez vite avec une quinzaine de semaines de traitement. Mais là encore, il faut pouvoir se libérer deux à trois fois par semaine. On fait aussi attention à ne pas faire trop de séances, sinon il y a un risque de cancer."
Le traitement par méthotrexate (un comprimé)
"Le méthotrexate est un anti-métabolique, ça permet de faire diminuer le renouvellement des cellules de la peau. Cela diminue aussi le renouvellement des autres cellules du corps, il faut donc faire très attention avec ce médicament. Il faut vérifier que les globules rouges et blancs fonctionnent bien. C’est un médicament qu’on prend une fois par semaine, à jour fixe, qui va agir sur le psoriasis au bout de deux-trois mois. Il faut être un peu patient, mais il a une grande efficacité également pour d’autres maladies de peau, comme l’eczéma. Les effets secondaires sont des troubles digestifs durant les premières semaines. Il y a aussi des risques sur les globules rouges et blancs, on fait donc des contrôles sanguins."
Le traitement par ciclosporine (un autre comprimé)
"Quand le méthotrexate ne fonctionne pas, on peut donner de la ciclosporine. C’est un médicament qu’on donne pour l’eczéma, et qu’on va aussi donner en cas de greffes d’organe. Il faut attendre trois semaines pour avoir des résultats. Mais il faut faire attention à plusieurs choses : à ne pas avoir d’infections endormies, ne pas avoir de cancer, ne pas avoir d’hypertension ni d’insuffisance rénale. Son utilisation est limitée mais autorisée chez la femme enceinte, contrairement au méthotrexate qui est contre-indiqué. Le cyclosporine est à manier avec précaution, le rein peut vite fatiguer. En général, il faut arrêter le traitement au bout d’un ou deux ans."
Le traitement par biomédicaments
"Le traitement par biomédicaments a été une grande révolution. Ça a commencé en 2005 en dermatologie, ce sont des médicaments qui vont cibler la protéine de l’inflammation. Il y a une dizaine de médicaments, ça se fait en sous-cutané (par injection). C’est réservé à des patients avec un psoriasis sévère, en échec ou qui ont une contre-indication aux autres traitements. Deux raisons à cela : ce sont des médicaments dont on connaît peu les effets secondaires, et qui coûtent très cher, environ 10.000 à 20.000 euros par an et par patient."