Arnaud Fontanet 3:50
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Mathilde Durand , modifié à
Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé ce mercredi la possibilité d'un déconfinement progressif, par âge, par région ou encore après des tests de la population. Le professeur Arnaud Fontanet, ​épidémiologiste à l'Institut Pasteur, est membre du Conseil Scientifique COVID-19​. Il réagit sur Europe 1.
INTERVIEW

Alors que la France a franchi un nouveau cap en franchissant mercredi la barre des 4.000 morts de l'épidémie de coronavirus, le Premier ministre Édouard Philippe a esquissé devant les députés la piste d’un déconfinement progressif. Initialement prévu jusqu'au 15 avril, le confinement pourrait se terminer en différé pour les Français en fonction des régions, des classes d'âges ou encore après des tests de dépistage. Les différentes pistes sont encore à l'étude. Le professeur Arnaud Fontanet, ​épidémiologiste à l'Institut Pasteur, est membre du Conseil Scientifique COVID-19​. Il réagit sur Europe 1.

Les effets du confinement encore invisibles

Le confinement, décidé le 17 mars, avait pour but de soulager les services de réanimation, de gagner du temps sur l'épidémie. Une mesure radicale prise à la suite de la situation dans le Grand Est. "Malheureusement à ce jour, on a pas encore vu l'impact du confinement qui se traduirait par une diminution du nombre d’admissions dans les services de réanimation. Sur les trois régions les plus touchées : Grand Est, Ile-de-France et Hauts-de-France, les chiffres continuent d'augmenter", affirme le professeur Arnaud Fontanet. Il se veut cependant rassurant : le Conseil Scientifique avait estimé le temps pour observer les premiers effets à trois semaines.

 

Ces dernières correspondant à la durée d'incubation de la maladie, puis de la déclaration de la pneumopathie, dans les cas les plus graves, avec basculement vers une détresse respiratoire et une hospitalisation en réanimation. "Cela correspond à trois semaines, j'espérais voir les résultats plus tôt, mais ce n'est pas le cas." Le professeur ne souhaite pas se précipiter et attend la stabilisation des données, même si certains endroits sont en améliorations sur la carte du pays. 

Une deuxième phase vers une amélioration 

Le professeur rappelle que les patients hospitalisés en réanimation le sont pour une période de trois à quatre semaines. Les formes graves de la maladie sont des pneumopathies inflammatoires très sévères. "On ne verra le nombre de patients en réanimation décroître seulement dans un mois, c'est pour cela que notre premier avis on a dit au moins six semaines", explique Arnaud Fontanet sur le confinement. "On va rentrer dans une deuxième phase, dès la fin de la semaine je l'espère, où on va avoir des services encore sous extrême tension, mais le nombre de patients diminuera dans un mois, au même moment on peut imaginer que dans le mois qui vient la circulation du virus va aussi beaucoup diminuer, car le confinement est d'une façon générale respecté".

 

Un scénario qui permettrait, fin avril, d'observer une désaturation des services de réanimation et une circulation amoindrie du virus sur le territoire. Une situation presque identique à "l'avant confinement. "Il faudra laisser le personnel soignant se reposer, reconstituer les stocks de médicament", précise le professeur.

Un déconfinement progressif 

Un basculement de l'épidémie qui pourrait permettre de procéder au déconfinement progressif. "A ce moment-là, il faudra qu'on soit prêt. D'une part avec des capacités de tests de dépistages, avec des équipes dédiées, de façon à identifier les foyers et les isoler très localement. Il faudra qu'on ait toute cette surveillance disponible, et décider qui et comment pourra reprendre les activités nécessaire à tous et à l’économie", explique Arnaud Fontanet.

 

 

Le Professeur Fontanet explique qu'un des scénarios prévoit l'identification des populations vulnérables, notamment les personnes âgées de plus de 60, 65 ans. "Elles devront rester confinés plus longtemps. A partir de 60 ans, le risque de développer une forme grave et de mourir de la maladie est plus important. Le seuil peut-être placé à 65, 70 ans, qui déterminent les gens pour qui il faudra rester extrêmement prudent car s'ils étaient à nouveau exposés au virus ils seraient plus à même de faire des formes graves." Dans les Ephad, par exemple, les règles devraient être draconiennes, imagine-t-il. 

"Il y a plusieurs scénarios possibles. Notre but c'est de fournir des scénarios et le gouvernement fera les arbitrages, compatibles avec vie du pays", nuance Arnaud Fontanet.