La ministre de la Santé Agnès Buzyn a souligné jeudi que la décision du gouvernement sur le déremboursement ou non de l'homéopathie pouvait attendre un peu, face à l'"urgence" de gérer la canicule.
La commission de la transparence de la Haute autorité de santé a adopté mercredi un avis définitif sur le sujet qui ne doit être rendu public que vendredi matin. Cet avis, selon Libération, prône la fin du remboursement par la Sécu des produits homéopathiques faute d'une efficacité prouvée. "Je n'ai pas reçu l'avis de la Haute autorité de santé. Aujourd'hui mon urgence est de gérer la canicule et son impact, je pense que la décision peut attendre encore quelques jours", a déclaré Agnès Buzyn sur France 2.
Manifestations des pro-remboursement prévues à Paris et Lyon
"Les décisions sur le déremboursement des médicaments peuvent se prendre quelques jours ou quelques semaines après l'avis de la Haute autorité de santé. Je rappelle que pour les médicaments anti-Alzheimer la décision a été prise pratiquement un an après l'avis" de la HAS, a souligné la ministre. Elle a affirmé à plusieurs reprises qu'elle suivrait l'avis de la commission de la transparence de la HAS. Labos, homéopathes et usagers ont lancé une campagne médiatique soutenue par des élus, "Mon homéo, mon choix", avec une pétition qui revendique pour l'heure plus d'un million de signatures. Ils ont appelé à des manifestations, à Paris sur l'esplanade des Invalides et à Lyon Place de la Comédie, vendredi à 10h30.
L'an dernier, le remboursement de l'homéopathie a représenté 126,8 millions d'euros sur un total d'environ 20 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés, selon l'Assurance maladie.
Le groupe Boiron demande la suspension de son cours en Bourse
Le groupe français d'homéopathie Boiron a demandé jeudi la suspension de son cours de Bourse, après la fuite dans la presse de l'avis définitif de la Haute autorité de santé (HAS) sur l'évaluation du bénéfice médical des médicaments homéopathiques. La HAS a estimé que l'homéopathie ne devait plus être remboursée par la Sécurité sociale car son efficacité n'est pas prouvée. Boiron, qui lui-même n'a pas été informé de cet avis, a dénoncé dans un communiqué "une nouvelle violation des règles de cette procédure d'évaluation qui nuit gravement à l'entreprise, ses salariés et ses actionnaires".
Un déremboursement serait un coup dur pour les laboratoires Boiron, leader mondial du marché, qui réalisent 60% de ses ventes en France sur des produits homéopathiques remboursables. En cas de déremboursement, le groupe lyonnais anticipe une baisse de 50% des ventes sur ses produits remboursables la première année, puis de nouveau 50% la deuxième. Selon le maire de Lyon, Gérard Collomb, environ un millier d'emplois seraient menacés dans la région.