La question de savoir si les patients ayant déjà contracté le Covid-19 doivent suivre le même protocole de vaccination que les autres se pose depuis le début de la campagne. Vendredi, la Haute autorité de Santé (HAS) a tranché en recommandant de n’injecter qu’une seule dose aux personnes infectées par le passé. Invitée d’Europe 1, l’infectiologue à l’hôpital Bichat et présidente de la commission technique des vaccinations de la HAS, Elisabeth Bouvet, a soutenu qu’une infection agissait comme une première dose de vaccin, justifiant de ne procéder donc ensuite qu'à une seule injection.
Immunité provisoire
"Beaucoup de gens ont remarqué que les personnes qui avaient déjà été infectées, quand on les vaccinait, remontaient très très vite leurs anticorps, comme si elles avaient déjà eu une première dose de vaccin", résume l’infectiologue, citant notamment les travaux menés par la Société de pathologie infectieuse de langue française.
L’avis émis par la HAS devrait en tout cas permettre de revoir l’ordre des patients prioritaires de cette campagne de vaccination. Elisabeth Bouvet affirme également que les dernières études suggèrent une immunité provisoire des personnes infectées : "Il n’y a pas de raison de les vacciner rapidement après l’infection puisqu’[elles] sont protégées au moins pendant trois mois, probablement six. Toutes les données convergent", affirme-t-elle.
Ces patients devraient donc attendre 3 à 6 mois avant de recevoir une unique dose du vaccin. La spécialiste ajoute que si un doute subsiste sur le fait d’avoir contracté ou non le virus, le protocole restera inchangé et le patient recevra deux doses.
"Ne pas surprotéger"
Cet avis de la HAS est critiqué, suggérant qu’il s’agit d’une manœuvre quelque peu maladroite pour économiser les précieux vaccins. "Ce n’est pas du tout dans cet esprit-là", balaie Elisabeth Bouvet, en invoquant une décision rationnelle : "On n’a pas besoin de deux doses de vaccin puisqu'on a une mémoire immunitaire de ce virus." Elle appelle à "protéger les gens" mais à "ne pas les surprotéger". Affirmant que cet avis a recueilli l’approbation de nombreux experts, la présidente de la commission technique des vaccinations ne doute pas qu’il sera suivi par le gouvernement.