La drépanocytose, maladie génétique aux effets potentiellement graves, pourra être dépistée chez tous les nouveaux-nés à partir du 1er novembre, alors que ce test était jusqu'alors ciblé en métropole, mais généralisé Outre-mer, a annoncé mardi le ministère de la Santé. Cette généralisation avait été recommandée par la Haute autorité de santé fin 2022, "considérant que la drépanocytose est la plus fréquente des maladies génétiques à la naissance, que son incidence est en hausse et que cette pathologie est responsable d'une forte morbidité et d'une réduction importante de la survie", a rappelé la direction générale de la santé dans un communiqué.
La drépanocytose, maladie héréditaire du sang affectant les globules rouges, se manifeste entre autres par une anémie, des crises douloureuses et un risque accru d'infections. Ses répercussions peuvent être graves : c'est, par exemple, la première cause d'accident vasculaire cérébral chez l'enfant. "Le nombre d'enfants dépistés avec un syndrome drépanocytaire a augmenté au cours des dernières années, passant de 431 nouveaux-nés dépistés en 2016 à 684 en 2022", a noté le ministère.
"Risque d'erreur dans le ciblage"
Un dépistage à la naissance permet d'engager immédiatement des traitements de nature à alléger les symptômes et éviter les complications. Jusqu'alors, le dépistage néonatal de la drépanocytose était ciblé en métropole sur les nouveaux-nés aux parents originaires de zones où le risque génétique est plus important (Antilles, Guyane, Réunion, Mayotte, Afrique subsaharienne, Cap-Vert, Brésil, Inde, océan Indien, Madagascar, Comores, Algérie, Tunisie, Maroc, Italie du Sud, Sicile, Grèce, Turquie, Liban, Syrie, Arabie Saoudite, Yémen, Oman).
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Mais le dépistage ciblé en métropole s'est révélé hétérogène selon les régions, alors qu'aucune n'est indemne de cas, et "un risque d'erreur dans le ciblage" par les soignants a aussi été identifié, avait noté la HAS fin 2022. Un dépistage généralisé remédierait aussi "au risque de stigmatisation des populations actuellement ciblées", selon elle.
728.000 enfants en ont bénéficié
Jusqu'à présent, en France, dans les deux ou trois jours suivant la naissance d'un enfant, un dépistage - pas obligatoire, mais fortement recommandé - est proposé pour 13 maladies, à partir de quelques gouttes de sang prélevées sur le talon du nourrisson et recueillies sur un buvard. L'objectif est de détecter certaines pathologies rares, mais graves, généralement d'origine génétique, pour les prendre en charge avant les premiers signes et éviter, ou limiter, leurs impacts.
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"En 2022, plus de 728.000 enfants ont bénéficié de ce dépistage", a indiqué le ministère. Le dépistage généralisé de la drépanocytose "s'inscrit dans la dynamique de renforcement du programme national de dépistage néonatal", progressivement étendu ces dernières années, a ajouté son communiqué. D'autres maladies rares et graves devraient s'y ajouter en 2025, à la suite d'autres recommandations de la HAS.