Les soignants seront mis à l'honneur en ce 14-Juillet : un hommage leur sera rendu lors de la cérémonie place de la Concorde à Paris, au moment de la Marseillaise et 1.400 d'entre eux ont été conviés en tribunes. Mais pour d'autres, cette journée aura un goût plutôt amer : certains personnels soignants ont en effet été sanctionnés, voire carrément licenciés, pendant la crise du coronavirus, pour avoir lancé l'alerte au sein de leur établissement, ou simplement réclamé des masques.
Younès, infirmier dans un Ehpad de Toulouse, se sent "délaissé, négligé", et il ne regardera même pas le défilé. Il a été mis à pied, dit-il, pour avoir demandé avec insistance l'accès au stock de masques de son établissement, un week-end où cinq résidents présentaient des symptômes. "Ma collègue a contacté le Samu, qui lui a recommandé de déstocker les masques et les blouses, car il s'agissait de cas suspects. La direction a refusé de déstocker le matériel", raconte-t-il. "Ce n'est pas juste."
Des policiers pour évacuer le soignant
Trois jours plus tard, selon Younès, sa collègue est mise à pied et lui est à son tour convoqué par la direction. "Elle m'a dit que j'étais obligé de quitter l'établissement. J'ai refusé et elle a appelé la police. Quatre policiers m'attendaient devant la porte, ça m'a vraiment choqué", relate le soignant.
L'ESSENTIEL CORONAVIRUS
> Coronavirus : ce que l'on sait sur la transmission par micro-gouttelettes dans l'air
> Coronavirus : trois raisons de continuer à respecter les gestes barrières
> Vacances : les grands-parents doivent-ils s'inquiéter de garder leurs petits-enfants ?
> Peut-on attraper le coronavirus dans un avion ?
> Coronavirus : les 5 erreurs à ne pas commettre avec votre masque
Younès a eu un "comportement agressif", répond l'établissement, qui "conteste formellement" cette version des faits. "Les tests se sont avérés négatifs. (…) C'est la réaction disproportionnée des deux salariés et la nécessaire cohésion de l'équipe qui a amené la Directrice à prendre la mesure conservatoire", précise la direction du groupe Domusvi, chargé de la gestion de cet Ehpad. "La nature des faits reprochés est d’une gravité suffisante pour que, en tant qu’employeur, nous ayons été contraints d’envisager une mesure à l’encontre de ces salariés."
Des "héros" en "conseil de discipline"
À Livry-Gargan, en région parisienne, Anissa Amini a elle aussi été convoquée pour un "entretien préalable à procédure disciplinaire". Cette déléguée syndicale Sud s'était épanchée dans la presse sur les difficultés rencontrées lors de la crise, dans son Ehpad. Elle est aide-soignante : "Moi, je ne vais pas défiler au 14-Juillet. Je prends ça comme du foutage de gueule", dénonce-t-elle. "On est des héros et on se fait convoquer en conseil de discipline ?" "Si je marche dans Paris cet après-midi, dit-elle, ce sera dans le cortège des soignants en colère", qui partira à 14 heures de la place de la République, à Paris, pour rallier celle de la Bastille.