Covid-19 : 90.762 morts en France, la pression hospitalière se renforce

Coronavirus réanimation
La pression hospitalière se renforce en France. Photo d'illustration. © BERTRAND GUAY / AFP
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avec AFP , modifié à
A l'instar d'autres pays, la France a suspendu lundi les injections avec le vaccin AstraZeneca, jusqu'à mardi au moins. Sur l'ensemble du territoire, la pression hospitalière reste forte, particulièrement en Ile-de-France. Il faudra "sans doute de nouvelles décisions dans les jours qui viennent", a prévenu Emmanuel Macron. 
L'ESSENTIEL

Le vaccin d'AstraZeneca multiplie les déboires. La France vient de suspendre, jusqu'à un avis européen qui sera rendu mardi, la vaccination avec ce sérum, a annoncé Emmanuel Macron. Dans le même temps, la pression sur le système sanitaire reste très importante, avec une hausse continue des patients atteints du Covid-19 en réanimation. Selon un dernier bilan des autorités sanitaires, 90.762 morts sont à déplorer depuis le début de l'épidémie. La situation en Île-de-France inquiète particulièrement les autorités et la région semble plus que jamais sous la menace d'un reconfinement.

Les principales informations à retenir

  • 90.762 morts en France, la pression hospitalière se renforce, notamment en Ile-de-France.
  • Il faudra "sans doute de nouvelles décisions dans les jours qui viennent", a prévenu Emmanuel Macron
  • La France suspend à titre préventif la vaccination avec AstraZeneca 
  • La "prime Macron" va faire son retour

90.762 morts, la pression hospitalière se renforce 

D'après le dernier bilan publié par les autorités, lundi, la pression hospitalière continue de s'intensifier en France. Selon le site du gouvernement, on compte désormais 25.469 hospitalisations, soit 480 de plus depuis le dernier pointage, et 4.219 réanimations, soit 92 de plus en 24 heures.

Sur une semaine, les admissions quotidiennes à l'hôpital ont augmenté de 6%, avec une moyenne d'un peu plus de 1.400, rappelle le site CovidTracker. Lundi, cette donnée s'établit à 1.676 nouveaux patients. 90.762 sont mortes du coronavirus sur le territoire, soit 333 de plus sur les dernières 24 heures. 

Jean Castex annonce le retour de la "prime Macron"

À l'issue d'une réunion avec les partenaires sociaux en vidéoconférence, le Premier ministre Jean Castex a annoncé qu'il serait possible pour les entreprises de verser en 2021 une prime défiscalisée et exonérée de cotisations sociales de 1.000 euros pour "tous les salariés". "Il sera possible d'en augmenter le montant jusque 2.000 euros pour les entreprises et les branches qui auront soit conclu un accord d'intéressement d'ici à la fin de l'année, soit ouvert une négociation sur la valorisation des métiers" dits de "deuxième ligne", qui devront être les "bénéficiaires privilégiés" de cette prime, a ajouté Jean Castex.

Par ailleurs, le Premier ministre a également annoncé le maintien jusqu'à la fin de l'année des aides à l'apprentissage, et la prolongation jusqu'au 31 mai de la prime à l'embauche des jeunes, qui sera recentrée en avril sur les salaires inférieurs à 1,6 Smic. La première mesure représente un effort budgétaire de 2,4 milliards d'euros, a précisé à Matignon le Premier ministre.

Situation inquiétante en Île-de-France

La situation sanitaire est particulièrement inquiétante en Île-de-France. Le nombre de malades du Covid-19 hospitalisés en soins critiques en Île-de-France atteignait 1.152 lundi à 11 heures selon l'agence régionale de santé (ARS), soit davantage qu'au pic de la deuxième vague épidémique, à l'automne. Les hôpitaux et cliniques franciliens n'avaient pas accueilli autant de patients Covid en réanimation depuis le 13 novembre, lorsque l'ARS en avait recensé 1.134.

Face au risque de saturation, l'exécutif veut accélérer les évacuations sanitaires. Après trois personnes samedi et trois dimanche, six par jour seront évacuées par voie aérienne à partir de lundi, a annoncé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Et une "opération plus massive" sera organisée en fin de semaine par TGV médicalisés, estimant à une centaine au total le nombre d'évacuations sanitaires depuis l'Île-de-France la semaine prochaine, principalement vers les Pays de la Loire, la Nouvelle Aquitaine et l'Occitanie.

Selon les derniers chiffres communiqués par Santé publique France, le taux d'incidence s'élève à 404 pour 100.000 habitants, au-delà du seuil critique fixé par le Premier ministre Jean Castex à 400. L'hypothèse d'un reconfinement de la région est désormais sur la table. 

"Sans doute de nouvelles mesures dans les jours qui viennent", prévient Macron 

Un an après la première mise sous cloche du pays, le gouvernement tente toujours d'éviter un troisième confinement. Mais Emmanuel Macron a prévenu, lundi. "C'est un ensemble qu'il faut prendre en considération, de manière adaptée et proportionnée, en regardant la réalité de l'épidémie ville par ville et territoire par territoire. C'est en fonction de ces évolutions que nous aurons à prendre, dans les jours qui viennent, de nouvelles décision", a-t-il mis en garde.

"J'ai demandé au gouvernement de travailler pour donner de la visibilité et un calendrier à nos compatriotes. Le maître du temps, c'est le virus", a lancé le président de la République. 

La France suspend la vaccination par AstraZeneca pour 24h... 

Emmanuel Macron a annoncé la nouvelle lundi après-midi. La France a, dans la foulée de l'Allemagne, décidé de suspendre "par précaution" l'utilisation du vaccin AstraZeneca. Cette suspension aura lieu jusqu'à mardi après-midi et un avis européen de l'Agence européenne des médicaments. Le chef de l'Etat a dit "espérer reprendre vite" la vaccination avec ce sérum "si l'avis de l'autorité européenne le permet". Pour l'Agence européenne des médicaments (EMA), qui aura une "réunion extraordinaire" sur le sujet jeudi, les avantages du vaccin l'emportent toujours sur les risques.

Dans la matinée, les sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône avaient déjà suspendu la vaccination de leur personnel avec le vaccin d'AstraZeneca, après la survenue d'effets indésirables chez un pompier. Ce dernier, qui a présenté une arythmie après avoir été vacciné le 8 mars, "va beaucoup mieux", ont annoncé les pompiers. 

... comme de nombreux pays européens 

Le vaccin AstraZeneca, qui accumule les déboires, a en outre été suspendu dans plusieurs pays, comme la France. L'Allemagne a suspendu lundi la vaccination avec ce produit, "à titre préventif", tout comme l'Italie quelques heures plus tard ou encore l'Espagne, lundi soir. Les Pays-Bas ont suspendu dimanche par précaution son utilisation jusqu'au 28 mars inclus, après que des "effets secondaires possibles" ont été rapportés au Danemark et en Norvège, sans lien avéré à ce stade, selon le ministère de la Santé. Plus tôt dans la journée, l'Irlande avait pris la même décision. La Norvège avait suspendu le vaccin la semaine dernière, comme le Danemarkl'Islande et la Bulgarie

L'Organisation mondiale de la santé, en première ligne dans la lutte internationale contre la pandémie, va réunir mardi son groupe d'experts sur la vaccination pour étudier la sécurité du vaccin AstraZeneca, a annoncé le chef de l'agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus. La cheffe scientifique de l'OMS Soumya Swaminathan a cependant affirmé que les pays devraient continuer la vaccination. 

AstraZeneca, sous le feu des critiques

Pour AstraZeneca, ces déconvenues s'ajoutent à la nouvelle baisse de ses livraisons à l'Union européenne d'ici juin que le laboratoire a été contraint d'annoncer en invoquant des problèmes d'exportations. Une annonce "inacceptable" pour Thierry Breton, commissaire européen, invité du "Grand Rendez-vous" sur Europe 1 dimanche. Lisez ici son interview. 

Face à la polémique qui grandit, AstraZeneca tente de rassurer. Le codéveloppeur du vaccin a assuré disposé de "preuves très rassurantes". Il y a "des preuves très rassurantes qu'il n'y a pas d'augmentation du phénomène de caillot sanguin ici au Royaume-Uni, où la plupart des doses en Europe ont été administrées jusqu'à présent" a déclaré lundi à la BBC le professeur Andrew Pollard, directeur du Oxford Vaccine Group.

La Russie a des accords de production de Spoutnik V en Europe, notamment en France

Le Fonds souverain russe (RDIF) a annoncé lundi que des accords de production du vaccin anti-Covid Spoutnik V ont été trouvés "avec des sociétés d'Italie, d'Espagne, de France et d'Allemagne", dans l'attente de son homologation dans l'UE. "Il y a actuellement d'autres pourparlers en cours pour augmenter la production dans l'UE. Cela permettra de commencer à approvisionner le marché unique européen en Spoutnik-V dès l'autorisation par l'Agence européenne du médicament", a dit dans un communiqué le patron du Fonds, Kirill Dmitriev. 

L'Italie se reconfine

L'Italie, qui vient de dépasser les 100.000 morts du Covid-19, est aux trois quarts confinée à partir de lundi jusqu'au 6 avril, ce qui inclut les fêtes de Pâques. Ecoles, restaurants, magasins et musées seront fermés dans la majeure partie du pays, qui table sur une amélioration "dans la seconde moitié du printemps", selon son ministre de la Santé Roberto Speranza. 

La péninsule avait été il y a un an la première nation touchée en Europe et avait imposé un premier confinement au nord, étendu ensuite à tout le territoire. Dans les rues de Rome, cette décision est difficile à accepter pour la population. Lisez ici notre reportage

Le Portugal lâche du lest

Avec la réouverture des crèches et des écoles primaires, des salons de coiffure ou des librairies, le Portugal quant à lui a entamé lundi un plan de déconfinement graduel afin d'éviter une reprise de l'épidémie. "Nous entrons aujourd'hui dans la première phase du déconfinement qui doit être très prudent, graduel et au compte-gouttes", a déclaré le Premier ministre Antonio Costa sur Twitter. "Nous ne pouvons pas courir de risques et tout gâcher", a-t-il souligné.

Confronté à une explosion des cas de Covid-19 après les fêtes de fin d'année, qui a provoqué une saturation des hôpitaux, le gouvernement a imposé un deuxième confinement général à la mi-janvier, suivi une semaine plus tard par la fermeture des écoles.

JO de Tokyo : pas de spectateurs à la cérémonie de départ du relais de la flamme

La cérémonie marquant le départ du relais de la flamme olympique le 25 mars, à quatre mois de l'ouverture des Jeux olympiques de Tokyo, se tiendra sans public par mesure de précaution face à la pandémie. Quelque 3.000 personnes devaient initialement assister à ce départ, lancé symboliquement dans le département de Fukushima, dix ans après la catastrophe. 

Le public sera toutefois autorisé à assister au relais lui-même sur son parcours à travers le Japon, mais dans des règles strictes.

Près de 2,65 millions de morts

La pandémie a fait près de 2,65 millions de morts dans le monde depuis le début de la pandémie, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles lundi. Les Etats-Unis sont le pays comptant le plus de morts avec 534.889 décès, suivis par le Brésil (278.229), le Mexique (194.710), l'Inde (158.725), et le Royaume-Uni (125.516).