La France a enregistré lundi 26.771 nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures, avec un taux de positivité des tests encore en progression. Près d’une semaine après l’entrée en vigueur d’un couvre-feu, étendu dans la nuit de vendredi à samedi à 38 nouveaux départements, l'hypothèse d'un reconfinement n'est plus un sujet tabou dans les cercles de l'exécutif. Signe de l'urgence de la situation : Emmanuel Macron réunit mardi et mercredi deux Conseils de défense consacrés au coronavirus, à l'issue desquels de nouvelles mesures pourraient être annoncées.
La pandémie continue également de progresser dans le monde et particulièrement en Europe, où les mesures de restriction se durcissent et se multiplient.
Les informations à retenir :
- Plus de 26.000 nouveaux cas ont été recensés en 24h en France, le taux de positivité en hausse
- La semaine est cruciale pour l'exécutif, qui n'exclut pas un reconfinement
- Emmanuel Macron réunit deux Conseils de défense mardi puis mercredi
- Les couvre-feux et reconfinements gagnent l'Europe entière
Plus de 26.000 nouveaux cas en 24 heures, le taux de positivité des tests en hausse
26.771 nouveaux cas de Covid-19 enregistrés en 24 heures, selon les chiffres de Santé publique France publiés lundi, un ralentissement par rapport aux données de ce week-end, alors que la veille, la France avait battu un nouveau record avec plus de 50.000 cas positifs confirmés en 24 heures. Le nombre de cas positifs est toutefois en hausse par rapport au lundi d'avant. Le taux de positivité des tests poursuit sa progression à 17,8%, contre 17% la veille, et seulement 4,5% début septembre.
357 nouveaux cas graves ont été admis dans les services de réanimation, un tel chiffre n'avait plus été atteint depuis avril. Au total, 2.761 personnes étaient hospitalisées en réa lundi (soit 186 de plus que dimanche) pour une capacité actuelle d'environ 5.800 lits que les pouvoirs publics comptent faire monter en puissance ces prochains jours. Le nombre de décès à l'hôpital s'est élevé à 258 pour la journée de lundi, portant le bilan total depuis le début de l'épidémie à 35.018 morts.
L'hypothèse d'un reconfinement n'est pas écartée
C'est une semaine cruciale qui s'ouvre lundi. Alors qu'en quinze jours, la France a définitivement basculé dans la seconde vague de l'épidémie de coronavirus, le spectre d'un durcissement du couvre-feu, voire d'un reconfinement, plane chaque jour un peu plus, les hospitalisations, notamment en réanimation, continuant d'augmenter. Si l'hypothèse d'une mesure si radicale n'est plus taboue au plus haut sommet de l'État, le gouvernement veut attendre le bilan des premiers couvre-feux mis en place le 17 octobre avant un éventuel durcissement des mesures.
Le président de la région Grand Est, Jean Rottner, a pour sa part appelé lundi le gouvernement à ouvrir une large "concertation" avec les corps intermédiaires et les élus locaux pour préparer un "reconfinement adapté" aux situations locales.
Longtemps, le gouvernement a pris soin d'écarter l'éventualité d'un reconfinement, rappelant les effets désastreux d'une telle mesure sur une économie déjà fortement fragilisée par les deux mois de confinement du printemps dernier.
Mais ces dernières semaines, face au net rebond de l'épidémie, l'exécutif a changé de ton. En annonçant l'extension du couvre-feu à 38 nouveaux départements, jeudi, le Premier ministre Jean Castex n'a ainsi pas exclu d'"envisager des mesures beaucoup plus dures" si la situation sanitaire ne s'arrangeait pas. Et au sein du gouvernement, l'hypothèse de reconfinements locaux fait son chemin. "Le couvre-feu était indispensable, mais je crains que ça ne soit pas suffisant", confiait ainsi un ministre il y a quelques jours à Europe 1, quand un autre avouait :" Soyons honnête, le couvre-feu, c'est un pré-confinement".
Deux Conseils de défense mardi et mercredi, avant un nouveau tour de vis ?
Signe de l'accélération du calendrier politique : Emmanuel Macron réunira mardi matin un Conseil de défense consacré au Covid-19, avant que son Premier ministre Jean Castex ne reçoive en fin de journée "les forces politiques" puis les partenaires sociaux à Matignon. Le chef de l'Etat réunira ensuite, mercredi matin, un nouveau Conseil de défense consacré à l'épidémie.
Ces deux réunions autour de Jean Castex ont pour but d'évoquer "les durcissements envisagés dans la gestion de la crise sanitaire". De telles consultations, semblables à d'autres organisées ces dernières semaines, paraissent précéder l'annonce d'un nouveau tour de vis, qui pourrait ensuite être acté mercredi matin.
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Le plan blanc déclenché dans le Grand Est
Autre signe de cette nette accélération de l'épidémie : le "plan blanc" a été déclenché dans tous les hôpitaux du Grand Est. Cette demande, adressée vendredi aux établissements, est justifiée par la "situation sanitaire exceptionnelle", souligne l'Agence régionale de santé dans un communiqué.
Au CHRU de Strasbourg, 100% des lits du service d'infectiologies sont occupés par des patients atteints du Covid-19. Des patients supplémentaires ont commencé à être accueillis dans les services de cardiologie, de pneumologie, de médecine interne et de gériatrie. Le Grand Est, très touché par la première vague, est la deuxième région à activer le plan blanc après l'Île-de-France.
Les transports réduits en Ile-de-France à partir de mercredi
L'offre de transports en commun de la région parisienne va être réduite à partir de 21h dès mercredi, en raison d'une baisse de la fréquentation liée à l'instauration du couvre-feu, a annoncé lundi Ile-de-France Mobilités. L'offre du métro sera réduite "à environ un métro sur deux", de même que la fréquence des bus, sauf pour "les lignes de bus les plus fréquentées et des lignes desservant les hôpitaux" qui ne subiront aucun changement, a précisé l'autorité régionale des transports.
Les lignes de métro 4, 7 et 13 seront toutefois renforcées entre 20h et 21h, "pour faire face aux situations de surcroît de trafic", a-t-elle précisé. Du côté des trains et RER, l'offre sera également réduite à un train sur deux, "sauf pour les lignes où le temps d'attente est supérieur ou égal à 30 minutes en période normale", a-t-elle ajouté. Plus de détails dans notre article par ici.
Fin septembre, 70% des salariés travaillaient sur site
Fin septembre, 70% des salariés travaillaient sur site, 12% étaient en télétravail et 3% en chômage partiel complet, selon une enquête publiée lundi par la Dares, le service de statistiques du ministère du Travail. La part des salariés de retour sur site a augmenté par rapport à fin août (55%) du fait notamment du retour de congés de certains salariés.
La répartition du télétravail varie selon la taille des entreprises, avec notamment 18% de salariés en moyenne sur une semaine dans les entreprises de 500 salariés ou plus, et en fonction des secteurs avec par exemple 46% de salariés en télétravail dans l'information et la communication. Depuis mi-octobre et au vu de la dégradation de la situation sanitaire, les entreprises sont invitées à définir un nombre minimal de jours de télétravail par semaine, via le protocole sanitaire.
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Etat d'urgence sanitaire et couvre-feu pour six mois en Espagne...
Ailleurs en Europe aussi, le tour de vis se poursuit. Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sanchez a annoncé l'instauration d’un état d’urgence sanitaire pour une durée de six mois sur tout le territoire, qui s'accompagnera d’un couvre-feu dans tout le pays à l'exception des îles Canaries. L'Espagne a franchi cette semaine le cap du million de cas de Covid-19 et est confrontée à une recrudescence en apparence incontrôlable de la pandémie.
Dans ce contexte, "l'état d'alerte" (équivalent de l'état d'urgence sanitaire) est déclaré pour une durée de 15 jours, comme le prévoit la Constitution, et devrait être prolongé jusqu'en mai après consultation des Cortes (chambre des députés), soit une durée de six mois. Concernant le couvre-feu, le chef du gouvernement espagnol a indiqué qu'il durerait en principe de 23h à 6h, avec la possibilité pour les régions d'avancer ou de retarder d'une heure son début, en fonction des caractéristiques locales. Seul l'archipel des Canaries, au large des côtes nord-ouest de l'Afrique, n'y sera pas soumis, en raison de la faible incidence du nouveau coronavirus.
... et des mesures de plus en plus strictes à travers l'Europe
Les reconfinements et couvre-feux se multiplient en Europe. En Irlande, toute la population est reconfinée pour six semaines, les commerces non essentiels fermés. Seules les écoles resteront ouvertes. Dublin avait pris jeudi des allures de ville fantôme. Le pays de Galles est quant à lui confiné depuis vendredi soir, et pour deux semaines. Un reconfinement partiel a été adopté en Slovaquie
Au Royaume-Uni (hors Pays de Galles), des restrictions plus ou moins sévères touchent 28 millions d'Anglais, dont Londres, et les pubs et restaurants sont fermés en Irlande du Nord. La Belgique a quant à elle opté pour le couvre-feu à 22 heures et la fermeture des magasins à 20 heures. Des mesures sont également prises en Grèce et en Slovénie.
De son côté, l'Italie a décidé de renforcer les restrictions mises en place. Cinémas, théâtres, salles de gym et piscines vont devoir fermer, tandis que bars et restaurants devront cesser de servir après 18 heures. Le couvre-feu est par ailleurs instauré dans les régions de Rome, Naples et Milan.
1,15 millions de morts dans le monde
La pandémie a fait au moins 1,15 million de morts dans le monde depuis fin décembre, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles. Près de 43,1 millions de cas ont été officiellement diagnostiqués, dont au moins 29,19 sont aujourd'hui considérés comme guéris. Les États-Unis sont le pays le plus endeuillé avec 225.239 morts, suivis par le Brésil (157.134), l'Inde (119.014), le Mexique (88.924) et le Royaume-Uni (44.896).