C'est le premier jour d'un confinement comme la France n'en a jamais connu pour une crise sanitaire : depuis mardi midi, des mesures drastiques annoncées par Emmanuel Macron et détaillées par Christophe Castaner sont entrées en vigueur pour tenter de limiter la propagation de l'épidémie de coronavirus. Une pathologie qui continue de progresser à grande vitesse, avec désormais 7.730 cas et 175 morts en France, soit la plus forte hausse en 24 heures.
L'Union européenne de football (UEFA) a décidé mardi après-midi de repousser l'Euro de football prévu en juin-juillet à l'été 2021, tandis que Roland-Garros est décalé à fin septembre.
Les informations à retenir :
- La France est confinée depuis mardi midi, avec des infractions passibles d'amendes
- Le bilan est en forte hausse dans le pays, avec 7.730 cas et 175 morts au total
- Edouard Philippe a répondu aux polémiques sur France 2
- Le tournoi de Roland-Garros se jouera fin septembre, l'Euro de football en 2021
Un bilan en forte hausse
L'épidémie continue de fortement progresser en France. Le nouveau bilan, donné mardi soir par le directeur général de la santé Jérôme Salomon, fait désormais état de 7.730 cas et 175 morts, contre 148 lundi. 2.579 malades sont actuellement hospitalisés, dont 699 en réanimation. Jérôme Salomon a également précisé que la grande majorité des personnes décédées (93%) sont âgées de plus de 65 ans.
La France en confinement depuis ce midi
Les mesures drastiques de confinement, annoncées lundi soir par Emmanuel Macron et détaillées par Christophe Castaner, sont entrées officiellement en vigueur depuis ce mardi midi. De sévères restrictions de déplacement sont désormais imposées aux Français sur tout le territoire, et pour au moins 15 jours.
Dans cette même allocution, Emmanuel Macron a aussi annoncé le report du second tour des élections municipales, la suspension de toutes les réformes en cours et l'installation d'un hôpital de campagne en Alsace. Vous étiez 35,3 millions de téléspectateurs devant votre écran pour écouter le chef de l'État.
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Philippe répond aux critiques
"Nous avons pris la mesure de confinement quand c'était la mesure la mieux à même pour ralentir le virus", a assumé Edouard Philippe sur France 2, mardi soir, alors que des voix s'élèvent, parmi lesquelles celle de Marine Le Pen, pour pointer le retard du gouvernement dans la gestion de la crise. "Je n'ai pas pris à la légère la décision de fermer les commerces non-essentiels. Nous l'avons fait lorsque les épidémiologistes nous ont dit qu'il était temps de prendre ces décisions."
Mardi, Agnès Buzyn a affirmé dans une interview au Monde qu'elle avait averti le Premier ministre de la gravité de l'épidémie dès le 11 janvier : "Dès le mois de janvier, la ministre nous a dit que ce qu'il se passait en Chine devait être pris au sérieux", a répondu Edouard Philippe. "Nous avons pris des décisions lourdes dès le mois de janvier, nous avons procédé à des confinements stricts. Des médecins disaient qu'ils s'agissaient d'une grippe. (La décision de maintenir le premier tour des municipales) a été fondée sur des motifs scientifiques. Toutes ces polémiques, je les accepte, je les connais, j'assume toutes les décisions du gouvernement."
Des restrictions de déplacement sous peine d'amende
Plus de 100.000 policiers et gendarmes vont être mobilisés pour contrôler le respect des mesures de restriction. Si les déplacements ne sont pas interdits mais réduits au maximum, les personnes incapables de "justifier de leurs déplacements" pourront écoper d'une amende qui pourra atteindre 135 euros, alors qu'elle est de 38 euros actuellement. Lors des contrôles fixes et mobiles, les Français devront montrer aux forces de l'ordre une attestation, dont une version sera accessible sur le site du ministère de l'Intérieur, ou bien sur papier libre.
Par ailleurs, la vente de paracétamol sera restreinte en pharmacie et suspendue sur internet à partir de mercredi. La vente se limitera à une boîte par personne sans symptôme ou deux boîtes en cas de fièvre ou douleurs, ajoute l'agence qui s'inquiète des risques de "stockage inutile" au détriment de ceux qui en ont besoin. Ces mesures s'appliquent aux boîtes de 500 mg et de 1.000 mg.
Le gouvernement envisage des nationalisations
"Tous les moyens" à disposition seront utilisés "pour protéger les grandes entreprises françaises", a par ailleurs annoncé mardi Bruno Le Maire, y compris des opérations de prise de participations et même de "nationalisation si nécessaire". La lutte contre le coronavirus est "aussi une guerre économique et financière" qui sera "durable", a jugé mardi le ministre de l'Economie. Pour Air France ou pour d'autres entreprises, "nous sommes disposés à prendre nos responsabilités", a affirmé Edouard Philippe jeudi soir. "S'il fallait aller jusque là, alors nous le ferions."
"Elle sera durable, elle sera violente (...) et cette guerre, elle doit mobiliser toutes nos forces", a insisté le ministre au micro de RTL, en annonçant un plan de soutien de 45 milliards d'euros pour les entreprises et les salariés. Il a également prévenu que la France allait plonger dans la récession cette année et que son PIB devrait reculer de 1% en 2020. En début d'après-midi, Gérald Darmanin a annoncé aux Échos que le déficit public allait grimper à 3,9% du PIB, soit bien davantage que les 3% fixés par l'Union européenne en temps normal.
L'Europe et l'Amérique se referment
L'Europe est depuis mardi midi complètement isolée du reste du monde. Les frontières à l'entrée de l'Union européenne et de l'espace Schengen sont désormais fermées : tous les voyages entre les pays non européens et ceux de l'UE sont suspendus pendant 30 jours. L'épidémie continue de progresser, avec près de 2.000 nouveaux cas et 182 morts en 24 heures en Espagne.
La Belgique a annoncé à son tour qu'elle va entrer en confinement généralisé à partir de mercredi midi, jusqu'au 5 avril. En Grande-Bretagne, le gouvernement a finalement recommandé au public d'éviter tout "contact social", ainsi que tout déplacement ou voyage à l'étranger "non essentiel". Mais après avoir renoncé à appliquer des mesures drastiques comme en Italie ou en Espagne, le gouvernement a indiqué qu'il était "raisonnable" d'évaluer le nombre de cas à 55.000.
Sur le continent américain, là aussi, les pays continuent de se préparer face à une épidémie d'ampleur. La Colombie va fermer toutes ses frontières à partir de mardi et jusqu'au 30 mai, tandis que le président Nicolas Maduro a décrété lundi la mise en "quarantaine totale" du Venezuela. Aux Etats-Unis, le président Donald Trump a recommandé lundi depuis la Maison-Blanche de limiter les rassemblements à 10 personnes, contre 50 dimanche encore, de fermer les écoles, de ne plus sortir dans les bars et restaurants et d'éviter les voyages non essentiels.
Une éclaircie : une petite piqûre pour un grand espoir qu'on a administré à Jennifer Haller. Cette Américaine de 43 ans, en bonne santé, a reçu hier dans une clinique de Seattle la toute première injection d’un prototype de vaccin contre le COVID19. Comme elle, 45 adultes vont se faire injecter ce vaccin nommé "mRNA-1273".
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L'Euro de foot et Roland-Garros reportés, Blaise Matuidi positif
Le monde du sport est désormais quasiment à l'arrêt total. L'épidémie de coronavirus a également pour conséquence de décaler l'Euro de football, prévu cet été, à l'an prochain. L'UEFA a définitivement validé cette décision mardi après-midi. La Ligue des champions et la Ligue Europa sont elles suspendues jusqu'à nouvel ordre.La Copa America, l'équivalent de l'Euro sur le continent américain, est elle aussi décalée à 2021.
Le tournoi de tennis de Roland-Garros sera lui reporté fin septembre, alors que la course cycliste classique Paris-Roubaix ne se disputera pas le 12 avril. Pour l'heure, en revanche, le Comité international olympique estime qu'il n'est "pas nécessaire de prendre de décisions radicales" sur la tenue des Jeux olympiques de Tokyo, en juillet-août. Le champion du monde et star de l'équipe de France Blaise Matuidi a lui été positif. "Il va bien et est asymptomatique", a écrit son club de la Juventus Turin, dans un communiqué.