Au sein de l'exécutif, le ton a changé depuis quelques jours, alors que le regain de l'épidémie de coronavirus menace de submerger le système de santé. Face à ce rebond, que les mesures actuelles n'ont pas encore permis d'endiguer, le président de la République en personne a annoncé de nouvelles mesures contraignantes. Emmanuel Macron a décidé de l'instauration d'un couvre-feu dans huit métropoles et en Île-de-France.
Les principales informations à retenir :
- Emmanuel Macron s'est exprimé mercredi soir à la télévision
- Le président a annoncé de nouvelles restrictions, dont un couvre-feu dans les grandes métropoles
- La hausse des hospitalisations en réanimation se poursuit en France
- Les mesures de restriction se multiplient en Europe, notamment aux Pays-Bas, en Espagne et en Italie
Nouvelle hausse des réanimations en France, 104 morts en 21 heures
La pression hospitalière continue d'augmenter en France, avec une nouvelle hausse des hospitalisations en réanimation au cours des dernières 24 heures, et 104 décès, selon des chiffres publiés mardi par Santé publique France (SpF). Le nombre de malades du Covid-19 placés en réanimation s'élève mercredi à 1.664, soit 31 de plus que la veille, précise la base de données en ligne de SpF. Ce mercredi soir, la France compte 33.037 morts du coronavirus.
Les nouvelles admissions en réanimation ont également augmenté, avec 193 patients admis mercredi (contre 226 mardi). Invité d'Europe 1, Didier Pittet, infectiologue suisse et président de la mission d’évaluation de l'exécutif sur la gestion de l'épidémie, met en garde : si l'effort fourni par les hôpitaux lors de la première vague avait été "fantastique", il ne "pourra pas forcément être répété à l'infini, ni dans les mois à venir". Lisez son interview.
L'état d'urgence sanitaire dès samedi
À la mi-journée, Emmanuel Macron et Jean Castex se sont longuement parlés à l'Élysée pour procéder aux derniers arbitrages avant cette prise de parole. En début de soirée, avant la prise de parole du Président, le gouvernement a annoncé que l'état d'urgence sanitaire allait être rétabli en France dès samedi. Ce régime était en vigueur en France métropolitaine du 23 mars au 9 juillet dernier. Il s'agit du quatrième niveau d'alerte, qui confère aux autorités la liberté de mettre en place des confinements locaux et des fermetures administratives.
Ce qu'il faut retenir des annonces de Macron
Face à ce que le gouvernement n'hésite plus à qualifier de "deuxième vague", de nouvelles mesures contraignantes ont été annoncées par Emmanuel Macron, mercredi, lors d'une interview sur TF1 et France 2. Parmi les restrictions détaillées, un couvre-feu total à partir de 21h dans huit métropoles entre en vigueur dès samedi soir. Ce sera également le cas dans toute l'Île-de-France. Des exceptions seront par ailleurs mises en place, avec des aides pour les secteurs les plus touchés. Le télétravail "deux ou trois jours par semaine" est vivement encouragé.
Le chef de l'État a aussi insisté sur la nécessité de limiter ses interactions sociales et ses réunions privée à six personnes, hors des membres d'un même foyer. En revanche, il n'y aura pas de limitation de déplacements entre les régions.
Couvre-feu : des dérogations mais des matches à huis clos
Le ministère de l'Éducation nationale et des Sports a précisé mercredi soir les contours du couvre-feu annoncé par Emmanuel Macron pour le monde du sport : il y aura des dérogations pour les sportifs professionnels, mais les matches qui se dérouleront après 21 heures se disputeront tous à huis clos.
Le couvre-feu, une mesure efficace ?
La plupart des épidémiologistes s'étaient prononcés en faveur du couvre-feu, vu comme une manière efficace de limiter les interactions sociales et d'ainsi limiter les contaminations. "En instaurant un couvre-feu à certaines heures, on va restreindre la circulation des personnes, notamment des personnes jeunes, voire restreindre l'interaction sociale. De fait, on pourrait casser la circulation du virus et donc, par ricochet, le risque de contamination intrafamiliale des personnes plus âgées", assure Bruno Gardane, chef d'un service de réanimation à Paris interrogé par Europe 1.
En Guyane, cette solution est déjà appliquée, et ce depuis le 24 mars. Et sur place, on estime que la mesure a permis de freiner considérablement l'épidémie. On vous explique comment ici.
Deux essais cliniques suspendus
Les sociétés pharmaceutiques américaines Johnson & Johnson et Eli Lilly ont suspendu lundi et mardi des essais cliniques d'un vaccin et d'un traitement expérimental contre le Covid-19, respectivement, le temps d'évaluer d'éventuels effets secondaires chez des participants, un nouveau contretemps dans la lutte contre la pandémie. Johnson & Johnson a annoncé la pause de son grand essai vaccinal, commencé fin septembre, lundi soir, après l'apparition d'une maladie inopinée chez un participant le dimanche soir, selon la direction.
Conséquence : plus aucun participant à l'essai ne reçoit le vaccin ou le placebo jusqu'à nouvel ordre. Un comité d'experts indépendants étudie les données pour voir si la "maladie inexpliquée" peut ou non être liée au vaccin. Mardi, c'était au tour d'Eli Lilly d'annoncer la suspension d'un essai de son traitement expérimental aux anticorps contre le Covid-19 chez des malades hospitalisés, pour des raisons de sécurité non détaillées.
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La Banque mondiale dégage 12 milliards de dollars pour fournir des vaccins aux pays pauvres
La Banque mondiale a annoncé l'approbation d'un plan d'aide de 12 milliards de dollars pour garantir aux pays en développement l'accès rapide aux vaccins quand ils seront disponibles. Cette enveloppe servira à "financer l'achat et la distribution de vaccins, de tests et de traitements Covid-19 pour leurs citoyens", a précisé l'institution de Washington dans un communiqué. Selon elle, cela pourrait permettre de vacciner "jusqu'à un milliard de personnes".
Ce financement fait partie d'un paquet d'aide du Groupe de la Banque mondiale allant jusqu'à 160 milliards de dollars et s'étalant jusqu'en juin 2021 pour aider les pays en développement à lutter contre la pandémie du Covid-19, a également précisé l'institution de Washington.
Confinement partiel au Pays-Bas, de nouvelles restrictions en Italie et en Catalogne
Jusque-là moins stricts que leurs voisins européens, les Pays-Bas vont être soumis à un "confinement partiel" à partir de mercredi, comprenant notamment la fermeture des bars et des restaurants pour tenter de freiner la poussée de la pandémie, a annoncé mardi le Premier ministre Mark Rutte. Après des mois de refus du port du masque, il a décidé de le rendre obligatoire dans les espaces clos pour les plus de 13 ans. La vente d'alcool sera interdite à partir de 20h.
De son côté, l'Italie a également annoncé de nouvelles restrictions : interdiction aux bars et restaurants de servir des clients non assis après 21h, interdiction des fêtes et célébrations, interdiction des sports de contact entre amis et des voyages scolaires, invités à domicile limités à six, mariages et baptêmes limités à 30 personnes.
En Espagne, la Catalogne a décidé la fermeture pour 15 jours des bars et restaurants à partir de jeudi soir. L'annonce de cette mesure drastique intervient après le bouclage partiel de Madrid et d'autres restrictions prises dans les régions d'Andalousie, de Navarre ou de Galice.
Plus de 1,087 million de morts dans le monde
La pandémie a fait plus de 1,087 million de morts dans le monde depuis fin décembre, selon un bilan établi par l'AFP mardi. Quelque 38,2 millions de cas ont été officiellement comptabilisés, dont plus de 26,1 millions ont été guéris.
Après les États-Unis (215.914 décès pour 7,8 millions de cas recensés), les pays les plus touchés sont le Brésil avec 150.998 morts et 5,1 millions de cas, l'Inde avec 110.586 morts (7,2 millions de cas), le Mexique avec 84.420 morts (825.000 cas), et le Royaume-Uni avec 43.018 morts (635.000 cas cas). Pendant ce temps, la pandémie continue de fortement progresser en Europe. On vous explique la propagation du virus sur le Vieux continent en infographie.