La décrue épidémique se poursuit mercredi en France, où la gestion de la crise a été étrillée par une commission d'enquête parlementaire. Une campagne de vaccination contre le Covid-19 pourrait être organisée dès janvier pour les publics les plus fragiles et "entre avril et juin" pour le reste de la population. Plusieurs candidats vaccins sont actuellement étudiés par les agences européennes et américaines des médicaments et le Royaume-Uni est devenu mercredi le premier pays au monde à approuver celui de Pfizer/BioNTech. Pendant ce temps, le Vieux continent se déconfine prudemment.
Les principales infos à retenir :
- La commission d'enquête de l'Assemblée dénonce "un pilotage défaillant de la crise"
- 53.816 morts en France, nouvelle baisse des réanimations et des hospitalisations
- Le Royaume-Uni est le 1er pays au monde à approuver le vaccin Pfizer/BioNTech
La décrue épidémique se confirme
Le reflux se poursuit en France dans les services de réanimations, dans lesquels étaient hospitalisées 3.478 patients mercredi contre 3.594 mardi, avec 161 nouvelles admissions sur 24 heures, contre 234 la veille. Le nombre de personnes hospitalisées avec un diagnostic Covid-19 a légèrement décru, à 26.986 contre 27.611 la veille, après un pic de plus de 33.000 patients atteint le 16 novembre.
Le nombre de cas en 24 heures s'élève à 14.064, soit 2.244.635 cas officiellement recensés depuis le début de l'épidémie. Le taux de positivité des tests s'élève à 10,8%, un taux identique à la veille. Au total, 53.816 personnes sont mortes depuis le début de l'épidémie, dont 313 de plus en 24 heures à l'hôpital, selon le bilan dressé mercredi soir.
La commission d'enquête de l'Assemblée dénonce "un pilotage défaillant de la crise"
La commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée nationale dénonce un "pilotage défaillant de la crise" du Covid-19 par le gouvernement, a déclaré mercredi le président du groupe LR Damien Abad, à l'issue de six mois d'auditions. La France était "mal armée" face à la pandémie qui a éclaté en début d'année, a ajouté Damien Abad devant la presse, alors que la commission venait d'adopter son rapport soulignant une série de manquements des pouvoirs publics en amont de la crise sanitaire et pendant.
Les députés LREM se sont abstenus sur le vote du rapport, qui doit être publié dans cinq jours. "Nous ne pouvions voter pour un rapport partial et partiel, et nous regrettons évidemment qu'il ne reflète absolument pas la qualité des auditions et des débats que nous avons menés", a expliqué le député LREM Julien Borowczyk, président de la commission dont Eric Ciotti (LR) est rapporteur.
"Nous voulons que chacun puisse avoir accès au rapport et aux pièces, dans la plus grande transparence : c'est la raison de notre abstention lors du vote", a-t-il poursuivi, déplorant que "malgré les 130 heures d'auditions et plus de 50 auditions - en parfaite entente avec le rapporteur et en toute transparence - tout n'ait pas été retranscrit".
Le calendrier de la vaccination se précise en France…
En France, Emmanuel Macron envisage une campagne de vaccination pour le grand public qui démarrerait "entre avril et juin" contre le Covid-19, après une première vague réservée aux publics les plus fragiles, a-t-il déclaré mardi lors d'un point de presse. Le chef de l'Etat prévoit pour début 2021 "une première campagne de vaccination très ciblée, avec des vaccins de première génération", suivie d'une "deuxième vague de vaccination qui s'ouvrira, quelque part entre avril et juin qui, elle, sera plus large et plus grand public et qui ira vers une stratégie de vaccination du plus grand nombre", a-t-il expliqué.
Reste à savoir si le vaccin, qui ne devrait pas être obligatoire, sera accepté. Selon une étude menée par Santé Publique France sur le sujet, même les soignants ne seraient pas forcément très enclins à se faire vacciner. Quand on leur demande les raisons, ils disent remettre en question l'efficacité du vaccin et redouter des effets secondaires. "Nous n'avons aucune données scientifiques publiées par les différents laboratoires. On attend de voir ce qu'il en est", confie Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers. Plus d'informations sur le sujet dans notre article, ici.
… mais aussi en Europe et aux Etats-Unis
Le vaccin contre le Covid-19 de Pfizer / BioNTech a, lui, été autorisé au Royaume-Uni, où il sera disponible dès "la semaine prochaine", a annoncé un porte-parole du gouvernement mercredi. "Le Royaume-Uni est le premier pays au monde à disposer d'un vaccin approuvé cliniquement", s'est félicité dans un tweet le ministre de la Santé Matt Hancock. Une décision attendue, comme nous vous l'expliquons dans cet article.
Mardi, l'Agence européenne des médicaments (EMA) avait annoncé avoir reçu les demandes d'autorisation de Pfizer/BioNTech et de Moderna pour leurs vaccins respectifs, qui affichent tous deux un taux d'efficacité proche de 95%. Le régulateur devrait se prononcer sur le vaccin du tandem américano-allemand le 29 décembre "au plus tard" et sur celui du concurrent américain d'ici au 12 janvier.
De l'autre côté de l'Atlantique, l'Agence américaine des médicaments (FDA) a aussi été sollicitée par Pfizer/BioNTech et, depuis lundi, par Moderna. En cas de feu vert, les deux vaccins pourraient être disponibles dès ce mois-ci aux Etats-Unis, le pays qui paie le plus lourd tribut humain à la pandémie avec 268.103 morts. La vaccination contre le Covid-19 devrait y être offerte en priorité, dans la première phase, aux professionnels du secteur de la santé ainsi qu'aux résidents des maisons de retraite, a recommandé mardi un comité consultatif des Centres de prévention et de lutte contre les maladies.
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Les "Covid longs" pourraient concerner jusqu'à 30% des malades
Certains patients ayant contracté le coronavirus il y a neuf mois souffrent toujours à ce jour. Si au départ les médecins ne les prenaient pas au sérieux, une étude de l'hôpital Hôtel-Dieu à Paris estime qu'ils représentent jusqu'à 30% des malades. Des patients qui subissent, toujours par à-coups, fatigue écrasante, troubles neurologiques, ou toux intense, alors qu'ils ont été infectés au mois de mars. Parmi eux, Alice, rencontrée par Europe 1, vit un véritable calvaire.
"La fatigue est terrassante, vraiment", témoigne cette ancienne marathonienne de 47 ans qui courait jusqu'à 60 kilomètres par semaine. "J'ai des rechutes si je fais trop d'activité. C'est une gêne respiratoire, des douleurs et des inflammations cutanées. C'est tellement douloureux qu'on en dort pas", explique-t-elle. Pour plus de témoignages, écoutez notre décryptage :
Congés dans les entreprises fermées : ce que va faire l'État
Un accord a été trouvé mardi soir entre le gouvernement et les représentants des commerces fermés jusqu'au 20 janvier sur la question sensible du coût des congés payés acquis par les salariés pendant leur période de chômage partiel. Cela concerne notamment les hôtels, cafés et restaurants. Ainsi, l'État prendra intégralement en charge jusqu'à 10 jours de congés payés, à condition qu’ils soient posés entre le 1er et le 20 janvier prochains. Cela vaudra aussi pour les entreprises qui, pendant la période d’urgence sanitaire, ont pu rester ouverts, mais ont subi une baisse de leur chiffre d’affaires d’au moins 90%.
Macron envisage des "mesures restrictives et dissuasives" pour les Français voulant skier à l'étranger à Noël
Emmanuel Macron a indiqué mardi que le gouvernement envisageait de prendre "des mesures restrictives et dissuasives" pour empêcher les Français d'aller skier à l'étranger, notamment en Suisse, à Noël alors que les remontées mécaniques seront fermées en France. "S'il y a des pays qui maintiennent des stations ouvertes, il y aura des contrôles pour dissuader les Français" et pour "ne pas créer une situation de déséquilibre avec des stations en France", a expliqué le chef de l'Etat devant la presse. Selon nos informations, la possibilité d’une quarantaine est évoquée pour toute personne qui reviendrait de ces zones.
L'Europe se déconfine prudemment, les cas flambent aux Etats-Unis
En Europe, où le rythme des contaminations a décéléré, l'allègement des restrictions se poursuit de manière prudente dans plusieurs pays, comme en Italie et en France, où les bars et les restaurants restent toutefois fermés. Les commerces rouvriront mardi en Belgique mais le confinement partiel restera en vigueur. L'Angleterre sort mercredi d'un confinement de quatre semaines, remplacé par un système d'alertes régionales que le Premier ministre Boris Johnson espère pouvoir lever au printemps grâce à l'action conjuguée des vaccins et du dépistage de masse.
Les Etats-Unis, en revanche, font face à une flambée de l'épidémie depuis plusieurs semaines et ont déploré mardi plus de 2.500 morts du coronavirus en 24 heures ce mercredi, un plus haut depuis fin avril. Le pays s'apprête à subir un essor des contaminations, après les célébrations de Thanksgiving marquées par les déplacements de millions de personnes à travers le pays. "Nous pourrions voir une nouvelle flambée s'ajouter à la flambée" actuelle, a prévenu le directeur de l'Institut américain des maladies infectieuses, Anthony Fauci. Dans ce contexte, le docteur Scott Atlas, membre de la cellule de crise de la Maison-Blanche sur le coronavirus, critiqué pour ses prises de positions contre les mesures de confinement et le port du masque, a annoncé sa démission lundi.
La pandémie a fait au moins 1,48 million de morts dans le monde depuis fin décembre, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles mercredi. Plus de 63,8 millions de cas ont été officiellement diagnostiqués depuis le début de l'épidémie. Les Etats-Unis comptent le plus de morts (270.691), devant le Brésil (173.817), l'Inde (138.122), le Mexique (106.765) et le Royaume-Uni (59.051).