Le couperet est finalement tombé. Alors que la situation sanitaire se dégrade rapidement en France, avec près de 35.000 nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures, le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi le reconfinement de 16 départements, parmi lesquels les huit départements d'Ile-de-France, pour au moins un mois. Le gouvernement y a toutefois allongé la liste des commerces jugés essentiels et qui pourront rester ouverts, parmi lesquels les fleuristes, les chocolatiers et les cordonniers.
Misant sur l'accélération de la campagne de vaccination pour sortir au plus vite de la crise, le gouvernement va pouvoir à nouveau compter sur le vaccin AstraZeneca, suite à un avis favorable de l'Agence européenne des médicaments (EMA). Mais seuls les plus de 55 ans devront recevoir le vaccin AstraZeneca, selon la Haute autorité de santé (HAS). Le Premier ministre Jean Castex a pour sa part reçu sa première dose vendredi.
Les principales informations à retenir
- Le gouvernement a annoncé un reconfinement dans 16 départements
- La situation sanitaire continue de se dégrader
- Jean Castex a reçu sa première dose du vaccin AstraZeneca, de nouveau autorisé
- Fleuristes, chocolatiers et cordonniers ont été ajoutés à la liste des commerces qui resteront ouverts
Jean Castex vacciné
Le Premier ministre Jean Castex a reçu sa première dose du vaccin AstraZeneca vendredi à l'hôpital Bégin de Saint-Mandé, près de Paris, une injection destinée à rassurer les Français après la brève suspension du sérum anti-Covid. "Je n'ai rien senti alors que je suis un peu douillet", a commenté le Premier ministre, 55 ans. Deux heures plus tôt, la Haute autorité de santé (HAS) avait donné son feu vert à la reprise "sans délai" de la vaccination avec AstraZeneca, tout en recommandant de le réserver aux personnes de 55 ans et plus.
Seuls les plus de 55 ans doivent recevoir le vaccin AstraZeneca
La Haute autorité de santé (HAS) a donné son feu vert à la reprise "sans délai" de la vaccination avec AstraZeneca, mais recommande de le réserver aux personnes de 55 ans et plus, dans un avis publié vendredi. Cette restriction a été décidée car les graves - et rares - troubles de la coagulation qui avaient motivé la suspension de ce vaccin dans plusieurs pays européens ont uniquement été observés chez des moins de 55 ans, a précisé l'autorité de santé française. Il y a eu trois cas en France, a-t-elle ajouté.
Plusieurs pays reprennent la vaccination avec AstraZeneca
Plusieurs pays dont l'Italie, la France et l'Allemagne, mais aussi la Bulgarie et la Slovénie, s'apprêtent vendredi à reprendre les vaccinations avec le vaccin AstraZeneca suite à un avis favorable de l'Agence européenne des médicaments (EMA). D'autres pays s'y remettront la semaine prochaine, notamment l'Espagne, le Portugal et les Pays-Bas.
Comme une quinzaine d'autres pays, la France avait suspendu par précaution l'utilisation de ce vaccin après le signalement d'effets secondaires tels que des troubles de la coagulation et la formation de caillots. Jeudi, l'Agence européenne des médicaments (EMA) l'a finalement jugé "sûr et efficace". Les bénéfices associés au vaccin AstraZeneca contre le coronavirus l'emportent sur les risques, ont de leur côté conclu vendredi les experts de l'OMS. Mais sur le terrain, le vaccin suscite toujours de la méfiance.
La Norvège et la Suède attendront de leur côté d'avoir effectué la semaine prochaine leurs propres évaluations pour reprendre la vaccination. Quant à la Finlande, qui n'avait jusqu'ici pas suspendu le vaccin AstraZeneca, elle a décidé d'interrompre son utilisation par "précaution" après deux cas suspects de thromboses cérébrales, malgré l'avis favorable de l'EMA.
Sur Europe 1, le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt a indiqué que la campagne de vaccination pourrait coûter entre 3 et 4 milliards d'euros.
Reconfinement dans 16 départements
Un tiers des Français vont être reconfinés vendredi à minuit pour au moins un mois, avec des restrictions de déplacement et écoles ouvertes. 16 départements sont concernés, pour un total de 21 millions d'habitants : les huit départements d'Ile-de-France, les cinq départements des Hauts-de-France ainsi que la Seine-Maritime et l'Eure, et dans le sud les Alpes-Maritimes. Si le couvre-feu est repoussé d'une heure à 19 heures en métropole, ces habitants ne pourront sortir de chez eux que "dans un rayon limité à 10 kilomètres", avec une attestation, "sans aucune limitation de durée". Les déplacements interrégionaux seront "interdits, sauf motifs impérieux ou professionnels".
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Comme à l'automne, les écoles et collèges resteront ouverts normalement mais les lycées basculeront tous en "demi-jauge". De leur côté, les commerces non-essentiels devront baisser le rideau, mais les coiffeurs pourront finalement rester ouverts. Ces restrictions seront en place pour "quatre semaines" et pourront être étendues "à d'autres parties du territoire" selon l'évolution du virus, a prévenu le Premier ministre Jean Castex. Retrouvez ici le résumé des annonces.
Ces annonces ont provoqué une ruée vers les sites de réservation de billets de train et d'avions. Et vendredi matin, les Parisiens se bousculaient gare Montparnasse pour rejoindre l'ouest de la France. Lisez notre reportage.
Darmanin promet "compréhension" et "pédagogie"
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a promis vendredi que les forces de l'ordre feraient preuve de "compréhension" et de "pédagogie" pendant le nouveau confinement, tout en avertissant que ceux qui contreviendront "manifestement" aux règles seront sanctionnés.
Fleuristes, chocolatiers et cordonniers resteront ouverts
Le gouvernement a allongé vendredi la liste des commerces jugés essentiels et qui pourront rester ouverts dans les 16 départements soumis à partir de samedi au reconfinement, parmi lesquels les fleuristes, les chocolatiers et les cordonniers. Les concessions automobiles sur rendez-vous, ainsi que les visites de biens immobiliers seront également autorisées, selon un porte-parole du ministre délégué aux PME Alain Griset à des journalistes. Le gouvernement avait déjà annoncé auparavant que les coiffeurs, les libraires et les disquaires pourraient également rester ouverts, contrairement aux premiers confinements.
Les critiques d'une partie de l'opposition
Une partie des membres de l'opposition, mais aussi des commerçant, ont fustigé la décision du gouvernement. "Le confinement, c’est ce que l’on fait quand on a tout raté", a dénoncé Marine Le Pen (RN). "La vis sans fin", a raillé Jean-Luc Mélenchon (LFI), allant jusqu'à qualifier Emmanuel Macron de "génie de la chienlit!". En réalité, ce nouveau confinement divise jusqu'au sein du gouvernement.
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Du côté des commerçants, Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), déplore lui qu'"on repart en absurdie avec cette nécessité, pour les grandes surfaces, de bâcher à nouveau une partie des rayons" non essentiels.
Plus de 30.000 nouveaux cas
La France a enregistré jeudi 34.998 nouveaux cas, selon les chiffres du gouvernement. Le taux de positivité des tests a a légèrement progressé à 7,7%. Après une très légère baisse des patients Covid en réanimation mercredi, la pression sur ces services est repartie à la hausse, avec 4.246 malades, contre 4.219 la veille, un nouveau plus haut depuis fin novembre, selon l'agence sanitaire, qui fait état de 382 nouvelles admissions en 24 heures.
Plus d'un quart de ces patients en réanimation (1.201) sont hospitalisés en Ile-de-France. La pression est encore à la hausse, avec 40 patients de plus en réa que mercredi. Avec 1.661 nouvelles hospitalisations en 24 heures dans tout le pays, il y a désormais 25.389 malades du Covid à l'hôpital en France, contre 25.314 mercredi. L'épidémie a fait 274 morts à l'hôpital dans les dernières 24 heures, portant le bilan total depuis le début de l'épidémie à 91.706 décès.
Le nombre d'élèves contaminés franchit la barre des 15.000
Le nombre d'élèves contaminés par le coronavirus a bondi en une semaine, passant de 9.000 à plus de 15.000, a annoncé vendredi le ministère de l'Education nationale. Dans le détail, 15.484 élèves ont été contaminés sur un total de 12.400.000, soit un taux de 0,13%, précise le ministère dans un communiqué. Côté personnels, le nombre de personnes contaminées est également en hausse de 1.106 à 1.809, soit un taux de 0,16%.
Sur l'ensemble du territoire, à l'exception de La Réunion actuellement en vacances, 2.018 classes (contre 833 il y a une semaine) sont fermées sur 528.400, et 80 structures scolaires sur 59.967, dont 63 écoles, 11 collèges et 6 lycéens.
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L'Allemagne face à une hausse "clairement exponentielle" des infections
L'Allemagne est confrontée à une augmentation "très clairement exponentielle" des infections, liée en particulier à la diffusion du variant britannique, a déclaré vendredi le vice-président de l'institut de veille sanitaire Robert Koch (RKI).
"Il est tout à fait possible que nous ayons à Pâques une situation similaire à celle que nous avons connue avant Noël, avec un nombre très élevé de cas, de nombreux cas graves et de décès, et des hôpitaux débordés", a prévenu lors d'une conférence de presse Lars Schaade.