En France, une femme sur dix est atteinte d'endométriose. Pourtant, cette maladie est restée très longtemps ignorée, et son diagnostic est encore loin d'être systématique. Comment en reconnaître les symptômes ? Quels traitements sont à envisager, compte tenu de l’âge et du mode de vie des patientes ? Se transmet-elle de mère en fille ? François-Xavier Aubriot, gynécologue et grand spécialiste de la fertilité, publie cet automne L'endométriose (Mango éditions), un guide tout en simplicité pour expliquer cette maladie complexe. Il a répondu ce lundi aux questions de Mélanie Gomez.
L'endométriose, qu'est-ce-que c'est ?
L'endométriose est une maladie de l'endomètre, le revêtement interne de l'utérus. "Les cellules qui le composent migrent pour s'implanter anormalement vers le ventre et les ovaires", explique François-Xavier Aubriot. Ces cellules restent sensibles aux hormones, et saignent donc comme le reste de l'endomètre pendant la période des règles. Mais puisqu'il ne se trouve pas dans l'utérus, ce sang ne peut être évacué naturellement. Cela provoque des lésions, à l'origine de douleurs parfois très intenses.
D'où vient cette maladie ?
Les origines de cette maladie sont encore méconnues. Certains facteurs peuvent cependant favoriser son apparition. "Il y a un caractère un peu héréditaire. Quand on retrouve de l'endométriose dans ses antécédents familiaux de premier degré, le risque d'en développer est environ six fois plus important", observe François-Xavier Aubriot. Une jeune fille dont la mère souffre d'endométriose a donc tout intérêt à en parler à un médecin afin d'être prise en charge le plus tôt possible.
Autres facteurs : les perturbateurs endocriniens, présents dans notre alimentation, ou dans les engrais par exemple. "Cette maladie est une maladie oestrogéno-dépendante, et il est possible que ces éléments augmentent le taux d’œstrogène dans l'organisme."
Quels en sont les symptômes ?
Le principal symptôme de l'endométriose est la douleur. "Avoir mal pendant ses règles, ce n'est pas normal", explique François-Xavier Aubriot. "Il faut apprendre à ne pas banaliser ce symptôme, et à rechercher plus systématiquement derrière une endométriose." D'après lui, 50% des femmes ayant des règles douloureuses souffrent d'endométriose. Des douleurs peuvent aussi apparaître à d'autres moments du cycle, notamment pendant l'ovulation.
En cas de douleur, il faut donc se tourner sans hésiter vers un généraliste ou un gynécologue. Des examens complémentaires peuvent alors être effectués. "On peut pratiquer des échographies ou des IRM. Tout en sachant que ces examens retrouvent surtout des signes d'endométriose profonde. L'endométriose dite superficielle, sous la forme de petites lésions à l'intérieur du ventre, ne se remarque pas forcément."
Quels sont les traitements à envisager ?
"À chaque âge son traitement parce qu'à chaque age sa préoccupation", affirme François-Xavier Aubriot. "À l'adolescence par exemple, la préoccupation principale se situe souvent au niveau de la douleur." La pilule contraceptive reste dans ce cas le moyen le plus efficace d'apaiser les patientes. Et pour celles qui ne voudraient pas de traitement hormonal, la douleur peut être soulagée par un ensemble d'anti-inflammatoires, antalgiques et anti-spasmodiques.
L'endométriose peut aussi affecter la capacité des femmes à concevoir. "En cas d'infertilité, on retrouve une endométriose dans près de 35% des cas. Et inversement, une femme qui souffre d'endométriose risque l’infertilité dans 30 à 50% des cas." Mais attention, infertilité ne veut pas dire stérilité.
"L'endométriose abaisse la fertilité, mais dans la plupart des cas, elle n'empêche pas les femmes de concevoir naturellement." Des assistances médicales à la procréation peuvent être proposées aux patientes. En général, le temps de la grossesse est un moment de répit dans la maladie. Et dans certains cas, l'amélioration persiste dans les mois qui suivent. "Il n'est pas rare qu'un premier enfant soit conçu avec aide médicale et qu'un deuxième naisse naturellement.
Le traitement chirurgical de l'endométriose est aussi possible. il permet d'éradiquer les lésions à l'origine des douleurs. "Cela permet de prendre en charge pas mal d'endométrioses, surtout des cas où elles ne sont pas trop profondes." Car plus le nombre d'organes atteint par l'endométriose est grand, plus les séquelles éventuelles sont importantes. "Il faut peser attentivement le pour et le contre avant d'envisager une opération", expose François-Xavier Aubriot. À la ménopause, l'endométriose régresse généralement de manière importante. "Il faut quand même continuer à surveiller ces femmes, car certaines continuent à avoir mal."