Dans les vidéos publiées sur Instagram et TikTok dans lesquels il incite la population à se faire vacciner, Emmanuel Macron a notamment évoqué les risques de Covid long, une sorte de crise dans la crise qui pourrait toucher des centaines de milliers de Français, mais qui, pour l'heure, passe encore trop souvent sous les radars. Mais de quoi s'agit-il ? Invité d'Europe 1, samedi, Benjamin Davido, infectiologue et référent Covid à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches, nous en dit plus.
Environ 300.000 personnes en souffrent
"C'est souvent un florilège de symptômes qui peut aller des maux de tête jusqu'à une grande fatigabilité à l'effort, ou encore des douleurs dans les muscles", énumère Benjamin Davido, précisant qu'il est extrêmement compliqué d'établir une liste précise et exhaustive des symptômes du Covid long. "La plupart du temps, les gens vont se plaindre d'un essoufflement à l'effort, ce qui témoigne de ce qu'on appelle une dysautonomie", développe le médecin. "C'est à dire probablement une désynchronisation entre le cerveau qui pilote de façon automatique la fonction dont vous allez respirer, dont le cœur va s'accélérer, ce qui est extrêmement gênant pour les individus qui souffrent de ces symptômes."
Aujourd'hui, la Haute autorité de santé estime à 300.000 le nombre de personnes, en France, souffrant de ces symptômes qui persistent six mois après la contamination. À l'hôpital de Garches, Benjamin Davido en a vu beaucoup, notamment après la première vague, à une époque où l'on ne dépistait que les formes graves à l'hôpital. De fait, beaucoup de jeunes gens n'avaient pas pu consulter et n'avaient pas pu être pris en charge. Désormais, la situation est différente, notamment car les tests - PCR ou antigéniques - sont accessibles à tous. "Surtout, la reconnaissance de cette entité après les vagues successives permet de prendre en charge plus tôt et d'avoir des symptômes qui sont souvent moins traînant, voire des gens qui guérissent", affirme l'infectiologue.
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"Un véritable intérêt à vacciner" pour éviter les Covid longs
Si l'on parle peu du Covid long, celui-ci n'en demeure pas moins un véritable calvaire pour les personnes dont les symptômes perdurent malgré le temps. Certains se demandent même s'ils parviendront à en guérir un jour. "C'est très difficile de répondre à cette question", répond Benjamin Davido. "Mais on a des données récentes qui sont rassurantes", poursuit-il, évoquant notamment la fameuse perte de goût et de l'odorat, dont ont sait désormais qu'elle disparaît en général après un an. "Ce qui nous fait penser que globalement, on devrait se retrouver dans des situations où, à partir du moment où le diagnostic est posé et les gens sont pris en charge, les choses devraient s'améliorer au bout d'une année", dit-il encore.
Fatigabilité, essoufflement... Benjamin Davido trouve dans les symptômes du Covid long, de nombreuses analogies avec une maladie chronique dont on ne connaissait pas bien l'origine : le syndrome de fatigue chronique. "On a l'impression, finalement, que le Covid réécrit l'histoire de quelque chose d'ancien, qui existait, mais qu'on avait du mal à toucher du doigt et à nommer correctement".
Autre exemple récent : l'épidémie de chikungunya à La Réunion, dans les années 2000. "On a vu apparaître des formes longues de cette maladie pour une maladie réputée virale virale et aiguë", rappelle l'infectiologue. "Ça veut dire qu'il y a un véritable intérêt à vacciner largement tout le monde aujourd'hui. D'abord parce qu'on voit des gens de plus en plus jeunes arriver à l'hôpital, et que parmi ces gens jeunes, même s'ils ont la chance de ne pas être hospitalisés, on sait qu'ils peuvent faire une forme longue du Covid, et que le vaccin protège les individus de cela", achève-t-il, évoquant des études américaine et anglaise, démontrant une certaine efficacité de la vaccination chez les patients atteints de Covid long. "Cela permettrait une 'clairance', c'est-à-dire de nettoyer les traces de cet ARN dû au Sars-Cov2 et d'apporter une réponse immunitaire suffisante pour faire en sorte que ça débarrasse les patients des symptômes."