C'est un texte sur la fin de vie dépouillé de ces verrous qui passera lundi prochain à l'Assemblée nationale. Le projet de loi, passé en commission spéciale, a été modifié, avec l'ajout de plusieurs amendements qui doit élargir l'accès au potentiel suicide assisté. Par exemple, l'une des conditions d'accès était d'avoir un pronostic vital engagé à court ou moyen terme. Restriction qui a disparu au profit de la notion de maladie en "phase avancée ou terminale". Une notion floue qui inquiète certains médecins, tout comme le reste des amendements.
Quel impact sur les proches ?
L'un des amendements ajoutés permettrait de laisser la possibilité au malade de choisir qui administre le produit létal, entre un soignant ou un proche. Un choix lourd de conséquences, alerte Alexis Brunod, chef du service de soins Palliatifs à l'Institut Curie. "Dans les pays qui ont légalisé, dès lors qu'il y a cette possibilité, on sait que dans 99% des cas, c'est l'injection par un tiers qui est choisi. Ça veut dire qu'il y a une implication très grande des professionnels de santé", dans cette solution, poursuit-il.
Mais en France, la possibilité qu'un proche administre le produit létal, interroge. "On ne sait rien des conséquences psychologiques que ça peut avoir sur les proches", s'alarme-t-il au micro d'Europe 1. Et autre modification du texte qui inquiète le médecin, un patient pourrait inscrire, dans ses directives anticipées, une demande d'euthanasie.
Un retour en arrière à l'assemblée ?
"Si un patient vient à se retrouver dans une situation où il ne peut plus s'exprimer et qu'une personne de confiance fait valoir une euthanasie parce qu'il y a deux, trois ou quatre ans, le patient l'avait écrit sur un papier, eh bien, ça balaye l'idée qu'il a peut-être changé d'avis depuis", poursuit Aleixs Brunod. Le chef du service de soins Palliatifs à l'Institut Curie espère désormais que le passage du texte à l'Assemblée lundi permettra de remettre en place les lignes rouges à ne pas dépasser.