Quinze nouveaux foyers de grippe aviaire ont été détectés depuis le début de la semaine dans quatre départements du sud-ouest de la France. Une hausse qui porte le nombre total de cas confirmés à 30, a indiqué mercredi le ministère de l'Agriculture. Europe 1 fait le point sur ce que l'on sait de ces cas, et du risque qu'ils contiennent pour l'homme.
Que sait-on des 15 premiers cas ? Depuis la confirmation d'un cas de grippe aviaire en Dordogne fin novembre, le premier en France depuis 2007, on dénombre à ce jour 13 foyers dans les Landes, 11 en Dordogne, 3 dans le Gers, 2 dans les Pyrénées-Atlantiques et 1 en Haute-Vienne. Sur les quinze premiers cas, la plupart des volailles étaient atteintes d'une grippe aviaire non transmissible à l'homme, de type H5N2 ou H5N9.
En revanche, quatre cas de H5N1 ont également été découverts en Dordogne (à Biras, Saint-Paul-La-Roche, Montignac et Bosset) et un en Haute-Vienne (à Les Billangues). Mais "ils sont clairement différents de la lignée asiatique A/goose/Guandong/1/96", les seuls "responsables de formes sévères" de maladie chez l'Homme, assure l'agence de sécurité sanitaire et alimentaire (Anses). L'Anses reconnaît toutefois que ce H5N1 comporte un risque de mutation. "Ce qui ne permet pas d’exclure la survenue d’une infection respiratoire dans des circonstances particulières de forte exposition aux oiseaux infectés", peut-on lire sur un avis publié lundi. "Pour autant, l’ensemble des segments analysés sont de type aviaire, ce qui permet de considérer comme quasi-nul le risque de transmission à l’homme", insiste-t-elle.
Que sait-on des nouveaux cas ? Toutes les nouvelles souches sont encore en cours d'analyse. Parmi les nouveaux cas, neuf ont été déclarés dans les Landes, dans les "zones réglementées" établies autour d'élevages déjà infectés et "à l'occasion d'une sortie de zone pour abattage", précise le ministère sur son site internet. Ces nouveaux foyers de grippes aviaire sont situés dans les communes de Bergouey, Gaujacq, Hauriet, Momuy, Monségur, Montaut, Saint-Cricq-Chalosse, Saint-Etienne-d'Orthe et Serrelous-et-Arribans.
En Dordogne, deux nouveaux foyers ont été détecté à Campagnac-les Quercy, ainsi qu'un troisième à Saint-Armand de Coly, situé en zone réglementée. Deux cas supplémentaires ont été déclarés dans le Gers, l'un dans un élevage de 2.000 pintades et canards à Mirande, l'autre dans un élevage de canards à Panjas, en zone réglementée. Enfin, un nouveau foyer a été signalé dans les Pyrénées-Atlantiques, dans un élevage de 1.240 canards à Uzan.
CARTE - Grippe aviaire : les 30 foyers détectés dans le Sud-Ouest https://t.co/zGx3XDWfM5pic.twitter.com/awh0N17G1C
— Sud Ouest (@sudouest) 16 Décembre 2015
D'où vient le virus ? La grippe aviaire se transmet d'oiseaux à oiseaux, par contact direct ou par les sécrétions respiratoires et les matières fécales des animaux malades, ou par l’exposition à des matières contaminées (par l’intermédiaire de la nourriture, de l’eau, du matériel et de vêtements contaminés). En France, un premier cas avait été détecté sur un canard mort dans l’Ain, en 2006. Plusieurs autres cas ont ensuite été découverts entre cette date et 2007, conduisant les autorités à abattre des dizaines de milliers d’oiseaux d’élevages. Mais à l'époque, c'est, semble-t-il, par la migration d'oiseaux asiatiques que la maladie est arrivée en Europe. Or, selon l'Anses, les souches identifiées cette fois-ci sont d'origine européenne. Elles seraient donc nées directement en Europe.
Faut-il s'inquiéter ? La France est particulièrement armée contre le virus. Dès qu’il est détecté chez une volaille (manque d’appétit, comportement anormal, réduction de la taille des œufs, mort subite…), le plan national d'intervention sanitaire d'urgence est activé. Autour des sites touchés, où les animaux sont abattus et les locaux désinfectés, des périmètres dits de protection et de surveillance, de respectivement 3 et 10 kilomètres de rayon, sont systématiquement mis en place.
Il ne faut donc pas, pour l’heure, s’inquiéter outre-mesure pour la santé humaine. La propagation à l’homme, si tant est que la souche la rend possible, ne se fait qu’après un contact direct, rapproché et répété avec la volaille, par voie respiratoire. Si la contagion entre volailles est stoppée nette, l’homme n’a donc pas à s’inquiéter. Et il peut également continuer à manger de la volaille, du foie gras ou des œufs en toute tranquillité. En outre, le virus, au stade où il en est aujourd’hui, ne se propage pas d’homme à homme.
La grippe aviaire a-t-elle déjà tué ? Aujourd’hui, selon l’OMS, la grippe aviaire de type H5N1 a tué un peu plus de 440 personnes dans le monde depuis son apparition chez l’homme en 2003, notamment en Asie, dans des endroits où des personnes vivent directement au contact des volailles. Entre 2006 et 2007, aucun homme n’avait été contaminé par le virus lorsqu'il avait été détecté en France. Depuis 2007, certains cas de grippes aviaire ont été découverts en Europe, notamment un virus de souche H5N8 aux Pays-Bas, également transmissible à l’homme. Mais il n’a fait aucune victime humaine. A noter enfin que le virus du H5N1 n'a rien à voir avec celui de la grippe A H1N1, qui est une maladie respiratoire de l'être humain, et qui a, elle, tué des centaines de patients en France entre 2009 et 2010.