Rentrée sociale, acte II : moins d'une semaine après son plan pauvreté, Emmanuel Macron doit dévoiler mardi son remède pour remettre sur pied le système de santé français et son homme malade, l'hôpital public.
Urgences "engorgées", psychiatrie "en crise", étudiants en médecine "qui souffrent" : ces dernières semaines, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a multiplié les diagnostics alarmants. Mardi en début d'après-midi, après le discours du chef de l'État, elle détaillera une réforme baptisée "Ma santé 2022 : un engagement collectif". Europe 1 vous présente quelques-unes des principales mesures attendues dans ce plan santé.
- La suppression du numerus clausus en première année de médecine
Le numerus clausus, qui limite le nombre d'étudiants admis en deuxième année de médecine, sage-femmes, dentaire ou pharmacie, sera supprimé à la rentrée 2020. Le gouvernement entend ainsi répondre au manque de praticiens sur le territoire et favoriser la diversification des profils accédant aux études de médecine, selon une source proche du dossier. "Il y a trop d'enfants qui souffrent", avait estimé la semaine dernière la ministre de la Santé Agnès Buzyn, évoquant la première année des études de médecine, très sélective. Ce "n'est plus supportable, c'est un gâchis", avait-elle insisté.
- La réforme du financement de l'hôpital
L'exécutif se sait toutefois attendu sur l'hôpital. Après le déficit historique - 890 millions d'euros - enregistré l'an dernier par les seuls établissements publics, le mode de financement des hôpitaux doit être revu pour favoriser la qualité des soins plutôt que leur quantité. De nouveaux critères se substitueront à la tarification à l'activité (T2A). Actuellement, les hôpitaux sont payés à l'acte : plus ils effectuent d'opérations, et plus ils gagnent de l’argent. Le gouvernement prévoit donc de corriger la T2A et de la plafonner à 50% dans la part du financement des établissements.
La carte hospitalière sera également modifiée, avec la poursuite des regroupements entre établissements voisins. Mais "il n'y aura pas de fermeture d'hôpital", a assuré la ministre de la Santé.
- Désengorger les urgences : la création d'assistants médicaux et de "centres de proximité"
Le plan santé a également pour ambition de désengorger les services d'urgence. Les médecins de ville seront incités, notamment financièrement, à prendre davantage de patients. 4.000 postes d'assistants médicaux seront ainsi créés pour soulager les médecins, et "financés dès 2019", a annoncé l'Elysée. Ces assistants médicaux devraient en effet prendre en charge certains actes médicaux, comme la prise de tension, et administratifs, afin de libérer du temps de consultation médical.
Les médecins seront aussi incités à s'organiser en "communauté de santé" sur un territoire. Les patients pourront téléphoner à un numéro unique, qui les orientera alors vers le praticien adéquat et disponible parmi cette communauté de praticiens (médecins, kiné...). Enfin, le plan santé devrait prévoir la création d'un établissement de taille intermédiaire entre le cabinet généraliste et le CHU : le "centre de santé de proximité", qui doit également aider à désengorger les urgences.
- 400 millions d'euros supplémentaires en 2019 et un "virage numérique"
Pour financer ce plan santé, le gouvernement a décidé de desserrer un peu la vis budgétaire. Environ 400 millions d'euros supplémentaires seront alloués à l'Assurance maladie en 2019, le gouvernement ayant décidé de relever l'Objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam), qui sert à les ralentir, de 2,3% à 2,5%, selon une source proche du dossier.
La réforme présentée mardi contiendra également des mesures pour la psychiatrie, ainsi qu'un "virage numérique". Quelques innovations vont changer la vie quotidienne des Français, comme la télémédecine, désormais remboursée par la Sécu, et le dossier médical partagé (DMP), qui permettra bientôt à chaque Français d'accéder à son carnet de santé en ligne.