En cette fin d'année, l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris a lancé un appel aux dons sur les réseaux sociaux pour s'offrir un scanner de haute technologie valant plusieurs millions d'euros, et que seuls deux hôpitaux français possèdent à l'heure actuelle. Ce scanner produit des images à très haute résolution et permet de repérer des tumeurs par exemple. Cependant, le fait que cet hôpital, établissement public, appelle à la générosité des internautes pour ce type d'investissement est assez exceptionnel.
"C'est extrêmement symptomatique de l'abandon du service public hospitalier"
Et cela divise les médecins, à commencer par Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et interrogé par Europe 1. "J'ai cru à une blague, c'est absolument incroyable !", fustige-t-il d'abord. "Les hôpitaux ont une gestion sur l'investissement, le recouvrement de la dette, faire tourner les services... Et puis, l'inflation n'a pas été budgétisée", pointe le médecin, "personne n'a prévu que l'alimentation a augmenté de 25% en l'espace de deux ans."
Le syndicaliste tire la sonnette d'alarme sur ces appels à la générosité. "On commence avec le matériel. Progressivement, on va commencer à faire de l'appel aux dons pour payer le personnel, et c'est extrêmement symptomatique de l'abandon du service public hospitalier par les pouvoirs publics", critique Patrick Pelloux.
112 millions d'euros levés grâce aux dons depuis 2015
Si la gestion financière de l'établissement interroge, il s'agit surtout d'une preuve du manque de moyens de l'hôpital public pour Nathalie Coutinet, économiste de la santé à l'université Paris 13. "Les coûts du quotidien sont déjà insuffisamment financés, tout comme les investissements sur des matériaux très complexes, très technologiques et aussi très chers. On est mieux soigné, mais ça coûte beaucoup plus cher", résume-t-elle au micro d'Europe 1.
L'hôpital européen Georges-Pompidou assure de son côté que les appels aux dons sont fréquents. Au total, 112 millions d'euros ont été levés grâce aux dons depuis 2015 par la Fondation de l'Assistance publique des Hôpitaux de Paris.