Dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1, la sexologue et psychiatre Catherine Blanc répond à la question d'une auditrice qui souffre d'une sécheresse vaginale au moment du rapport sexuel. Cette dernière affirme pourtant être toujours excitée par son compagnon et ne pas être ménopausée.
La question de Corinne
"J'ai 42 ans et j'ai l'impression que ces derniers temps je suis moins lubrifiée lors des rapports sexuels. Pourtant, je suis toujours excitée par mon compagnon et pas du tout ménopausée. Comment est-ce possible et que faire ?"
La réponse de Catherine Blanc
"Il faut déjà comprendre ce qu'est la lubrification. Quand une femme est excitée, son vagin va être chargé, comme un pénis le serait au moment de l'érection, principalement de sang. Cela fait une transsudation au niveau des petits vaisseaux qui génèrent cette lubrification. Mais de toute façon, un vagin n'est jamais sec. C'est une muqueuse, il est toujours lubrifié. Ensuite, il y a deux autres facteurs. Si je ne suis pas excitée, il y a un afflux sanguin moins important et donc un travail moindre de lubrification. Si je suis ménopausée, la paroi s'amincit, d'où une transsudation et une lubrification moindres.
Pour Corinne, cela ne semble pas être le cas...
Je pense qu'il faut revoir la notion d'excitation. Peut-être qu'elle est excitée si on la touche et la stimule, mais qu'il y a des rancœurs, des petits contentieux ou des petites déceptions quant à l'autre dans le couple qui viennent un peu brouiller ce qui mécaniquement pourrait fonctionner, mais qui ne fonctionne pas d'un point de vue psychique et du fantasme. Ou alors, elle est dans un temps de pré-ménopause. Il y a des ménopauses qui commencent très tôt. Certaines femmes sont ménopausées à 35 ans quand d'autres le sont à 55.
Faut-il utiliser des lubrifiants ?
Dans un premier temps, il faut aller vérifier qu'au niveau physiologique tout va bien. Ensuite, on peut effectivement utiliser des lubrifiants qui permettent de rendre la sexualité agréable. Parce que si elle ne l'est pas, cela va emmener par voie de conséquence une lubrification de plus en plus difficile, parce qu'elle sera inconsciemment dans la crainte, avec un risque de douleurs. Les lubrifiants peuvent donc être une bonne chose. Mais il faut que le recours aux lubrifiants reste joyeux, amusant, ou très intime, c'est-à-dire fait de son côté avant de passer dans la chambre à coucher. De cette manière, y avoir recours ne sera pas vécu comme un sacerdoce et n'engendrera pas une culpabilité qui encombrerait la relation.
Que faire pour qu'elle ne se sente pas coupable ?
Souvent, quand les hommes ont des problèmes d'érection, les femmes jouent aux infirmières. Elles sont plutôt tendres et rassurantes pour les hommes. Bien sûr, ce n'est pas toujours le cas. Avec les hommes, il y a l'obligation d'être excitée et de jouir, sans quoi ils doivent se remettre en question dans leur compétence et cela ne leur va souvent pas. Soyons un peu plus doux les uns avec les autres.
Il peut aussi y avoir des raisons iatrogènes, à cause de médicaments donc. Cela peut être le cas avec certains traitements qui ont pour vertu de sécher, comme ceux pour l'acné. Avec ce type de traitement, on peut tout à coup avoir mal aux yeux parce que les lentilles collent... mais aussi un impact au niveau vaginal. Il faut donc éliminer les raisons iatrogènes, la question d'une pré-ménopause, puis s'interroger sur la réelle qualité de la relation et des jeux amoureux et érotiques pour pouvoir enfin se dire 'on s'amuse, il y a des gels et on s'aime très fort'."