Les câlins, baisers et autres papouilles sont-ils indispensables au sein d'un couple ? Mardi, dans l'émission "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc aborde ce problème après une question de Samantha, auditrice d’Europe 1, visiblement triste de ne pas recevoir assez de marques de tendresse de la part de son petit ami. L'explication pourrait tenir à l'expérience vécue de l'enfance où les marques d'affection étaient bridées. Notre chroniqueuse invite à verbaliser mais aussi à se poser la question de l'origine de ce besoin de proximité physique.
La question de Samantha
"Mon copain n’est pas tendre avec moi. Au début ça ne me dérangeait pas mais au bout de six mois, j’ai cruellement besoin d’affection. Dois-je me séparer de lui ou va-t-il changer ?"
La réponse de Catherine Blanc
Comment définir le manque ressenti par Samantha ?
Samantha a besoin d’être touchée. Nous sommes des mammifères : nous avons grandi en étant caressés dans le ventre maternel et nous continuons à l’être quand on nous enlace, nous dorlote, etc. Nous cherchons donc naturellement le contact physique comme tous les mammifères. Le fait de ne pas être touché nous laisse à penser que l’on n’est pas accueilli, entendu, dans son besoin viscéral.
Les garçons sont-ils moins portés sur les caresses ?
Les garçons sont souvent privés de la liberté de pouvoir exprimer ce besoin et vont jusqu’à le nier. Parfois, pour eux, le pénis centralise tous les besoins de caresses : il doit être touché, retouché et re-retouché. Mais les marques d’affection sont indispensables pour eux, autant que pour les femmes.
Il faut généralement remonter à l’enfance pour comprendre cette réticence. Certaines injonctions viennent freiner ce besoin : "être grand, c’est ne plus être un bébé réclamant sans cesse de la tendresse". Ou bien l’homme n’a pas appris cette chaleur physique auprès de son propre père. Beaucoup d’hommes ne s’embrassent pas, même dans le cercle familial.
Après six mois de relation, Samantha doit-elle se résigner à cette situation ?
Tout le monde dans la relation amoureuse peut, au nom de l’amour, ouvrir le champ des possibles. Samantha espère pouvoir changer son compagnon, le débrider, le voir s’ouvrir. Samantha est très patiente, mais peut-être aurait-elle dû verbaliser et dire "caresse-moi, touche-moi".
Exiger des caresses implique-t-il d’abord que l’on en donne ?
On ne peut pas exiger des autres ce que l’on ne donne pas soi-même. Elle doit lui montrer combien elle apprécie d’être touchée. Si on touche un homme qui ne vous touche pas en retour… la messe est dite. Mais elle doit aussi se demander pourquoi elle consent à s’impliquer durablement dans une relation alors qu’elle dit souffrir cruellement de ce manque. Il s’agit peut-être de la répétition d’une histoire personnelle : elle projette sur un homme un manque de tendresse qu’elle a déjà vécu avec d’autres personnes, à commencer par ses parents.