En 2018, la rougeole tue encore. Mercredi, un patient de 26 ans qui ne pouvait pas être vacciné est mort, tandis qu'un autre de 17 ans, également immunodéprimé, faisait l'objet d'un "pronostic réservé". En février, une femme de 32 ans était également morte après avoir contracté le virus. "Les personnes qui sont fragilisées car elles n'ont pas de bonnes défenses contre les agents infectieux sont plus à même de faire des formes sévères de maladies épidémiques mais ce n'est pas pour autant réservé aux personnes fragiles", explique jeudi sur Europe 1 le Dr François Bricaire, infectiologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et membre de l’Académie de Médecine. "La rougeole est une maladie infectieuse contagieuse qui est le plus souvent bénigne mais elle peut donner des complications, des formes sévères chez des sujets qui, de base, sont parfaitement sains".
"Le virus de la rougeole circule partout". En France, le nombre de cas reste important depuis plusieurs années. En 2006, seulement 40 cas avaient été détectés contre 15.000 en 2011. Et Santé publique France a fait état mercredi de 2.567 cas depuis novembre, avec comme départements les plus touchés la Gironde (24% d'entre eux), la Vienne (8%) et le Gard (6%). "Les virus, on ne les élimine pas de la nature comme ça. Celui de la rougeole circule partout. Si la couverture vaccinale dans une zone géographique donnée n'est pas suffisante, la rougeole qui est très contagieuse peut réémerger et à ce moment là s'étendre", pointe l'infectiologue.
95% de couverture vaccinale pour bloquer le virus. En France la couverture vaccinale contre la rougeole est de 88%. "Cela ne suffit pas. Pour la rougeole, il faut dépasser les 95% pour être sûr que la circulation du virus est bloquée. Malheureusement nous n'y sommes pas", déplore François Bricaire qui s'étonne de la défiance de certains Français. "Nous sommes un pays développé et nous avons une défiance qui ne touche qu'une faible partie de la population et qui est suffisamment importante pour 'semer la perturbation'. Ayant moins de sujets vaccinés, on offre la possibilité aux agents infectieux de réémerger", insiste-t-il.