Renouveler son ordonnance à distance ou faire examiner une plaie par écran interposé : un patient peut désormais consulter son médecin traitant depuis un ordinateur, à son domicile. La téléconsultation est généralisée à partir de ce samedi en France, en métropole comme en Outre-mer. Si l'objectif a pour but de lutter contre les déserts médicaux et de faciliter le quotidien des patients atteints de maladies chroniques, tout assuré peut bénéficier de cette consultation en ligne. Europe 1 vous détaille son fonctionnement étape par étape.
1- Je prends rendez-vous avec mon médecin traitant
La téléconsultation se fait auprès de son médecin traitant, ou d'un spécialiste en accès direct (type gynécologue, ophtalmologue, pédiatre). Elle n'est pas possible pour un premier rendez-vous : le médecin doit avoir été consulté physiquement au cours des 12 derniers mois, et disposer du dossier médical du patient, précise le site de l'Assurance maladie. Si ce dernier n'a pas de médecin traitant, ou si le praticien n'est pas disponible dans un délai compatible avec son état de santé, un autre médecin pourra réaliser la téléconsultation.
Pour déterminer la date et l'heure de la téléconsultation, il suffit de prendre rendez-vous auprès du médecin comme d'habitude, en spécifiant qu'il s'agit d'une consultation en ligne. Il revient au praticien d'envoyer ensuite un lien au patient, afin qu'il se connecte à un site ou une application sécurisée, à la date convenue. La téléconsultation ne s'effectue en aucun cas via une plateforme de type Skype, ni par simple conversation téléphonique. Par ailleurs, le médecin doit impérativement être équipé de matériels et logiciels informatiques spécifiques, permettant la sécurité des données médicales échangées, pour effectuer des téléconsultations. Alors que le dispositif était expérimenté jusqu'à ce jour dans neuf régions, il est encore loin d'être généralisé. Il revient donc au patient de s'assurer que son médecin peut réaliser une téléconsultation pour en bénéficier.
2- Je me connecte depuis mon domicile (ou dans une cabine)
Avec l'accord du médecin, la téléconsultation peut se faire seul, de n'importe quel endroit, que ce soit depuis son canapé ou sur son lieu de vacances. Seuls impératifs : avoir un ordinateur ou une tablette équipée d'une caméra, et bénéficier d'une connexion Internet. Pour les patients qui ne disposent pas de connexion ou d'ordinateur, ils peuvent se rendre dans "une cabine" ou "un chariot de téléconsultation", comme il en existe déjà dans des maisons de santé, dans les Ehpad, ou dans certains lieux publics. Pour les personnes mal à l'aise avec le matériel informatique, ou qui ont besoin d'une aide médicale, elles peuvent être accompagnées par un professionnel de santé équipé, comme un pharmacien ou un infirmier, depuis leur domicile.
Le médecin peut d'ailleurs exiger la présence d'un infirmier lors de la téléconsultation, qui se chargera de l'auscultation. Il peut aussi demander au patient de se rendre dans une "cabine de téléconsultation", qui dispose d'appareils de mesure ou d'examens (comme des stéthoscopes connectés). Ces cabines sont en cours de déploiement dans les maisons de santé, les pharmacies et d'autres lieux publics. Dans tous les cas, il revient au médecin de décider des conditions dans lesquelles doit se réaliser la téléconsultation. Il peut également refuser la consultation à distance, notamment en cas de certaines pathologies ou de d'examens qui nécessiteraient un rendez-vous en présentiel.
3- Je réponds aux questions et transmets des documents
Au cours de la téléconsultation, le médecin va poser les mêmes questions au patient qu'il aurait posées au sein de son cabinet. "En télémédecine, il manque l’examen clinique. Il faut donc hypertrophier toute la partie interrogatoire. On pose donc plus de questions", expliquait le Dr Marion Lagneau, directrice de MédecinDirect, à Europe 1 en avril dernier. Le praticien peut également demander au patient de montrer des parties de son corps via la caméra, comme une plaie ou un bouton, pour mieux l'examiner à distance. L'envoi de documents, comme la photo d'un grain de beauté ou un bilan d'analyses médicales, est également possible, rapporte franceinfo.
Le patient peut être amené à s'ausculter lui-même, lorsqu'il se trouve dans une cabine équipée. La téléconsultation peut servir à renouveler une ordonnance ou éviter le déplacement d'une personne âgée ou fragile. Mais en cas de pathologies complexes, graves, ou qui nécessitent un examen, un rendez-vous en cabinet sera indispensable.
4- J'imprime mon ordonnance et vais à la pharmacie
Une fois le diagnostic posé et la consultation terminée, le médecin envoie une ordonnance au patient, soit par voie postale soit par voie électronique, via un logiciel sécurisé. Il peut prescrire des médicaments, mais aussi des examens supplémentaires. Reste à imprimer son ordonnance et à se rendre à la pharmacie.
Etant donné que la carte vitale ne peut être lue à distance lors de la téléconsultation, le médecin édite une feuille de soin, qu'il transmet à l'Assurance maladie, pour permettre au patient d'être remboursé. La facturation de l'acte est consultable depuis son compte personnel sur le site ameli.fr. Un compte-rendu de la téléconsultation est enfin rédigé, et ajouté au dossier médical du patient.
5- Je règle et me fais rembourser par la Sécu
Le paiement de la téléconsultation peut se faire par virement bancaire, par paiement en ligne si le médecin le propose, ou par chèque envoyé au cabinet. Cet acte est facturé au même tarif que celui d'une consultation classique, dont le montant varie de 23 à 58 euros, en fonction de la spécialité (et hors dépassements d'honoraires).
La téléconsultation est remboursée comme n'importe quelle consultation classique, prise en charge par la Sécurité sociale à hauteur de 70% et par les complémentaires santé pour les 30% restants. Les soins prescrits à la suite de la téléconsultation sont également remboursés, dans les conditions habituelles. En revanche, les téléconsultations effectuées par des entreprises privées qui salarient des médecins français, et dont les services sont commercialisés par des mutuelles ou des assureurs, ne bénéficient pas du remboursement.