L'alcool reste l'une des toutes premières cause d'hospitalisation en France, pour un coût estimé à 2,64 milliards d'euros en 2012, selon une étude publiée mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'Institut de veille sanitaire (InVS).
En 2012, l'alcool a induit plus de 580.000 hospitalisations (+11,3% par rapport à 2006) dites de courts séjours (MCO médecine-chirurgie-obstétrique). En psychiatrie, plus de 2,7 millions de journées lui sont dues, représentant 10,4% du total des journées dans les services psychiatriques.
Une prise en charge insuffisante. L'essentiel des coûts hospitaliers sont dus aux complications de l'alcool : il y a cinq fois plus de patients hospitalisés pour des complications que pour la seule dépendance à l'alcool. Cela confirme "l'insuffisante prise en charge des comportements d'alcoolisation excessive et du sevrage, d'abord aux urgences puis ensuite au cours d'hospitalisation pour ivresse", explique le Dr Michel Reynaud, président du fonds actions addictions, cosignataire de l'étude.
Un travail de prévention à améliorer. "Les patients hospitalisés pour une complication de leur alcoolisme ont en moyenne 57 ans, ceux pour sevrage 48 ans et ceux hospitalisés pour intoxication aiguë 43 ans", détaille le Dr Reynaud. "Quand on arrive aux complications à 57 ans en moyenne (cirrhose, troubles neurologiques, cardiovasculaires comme l'hypertension ou dilatation cardiaque, accidents, cancers...) c'est qu'on a loupé toutes les phases préliminaires, de l'ivresse aiguë en passant par l'alcoolisation excessive chronique puis la dépendance", commente le spécialiste.
Des chiffres sous-estimés. Plus inquiétant encore, les chiffres des hospitalisations et leurs coûts seraient "sous-estimés", selon les deux signataires de l'étude. "Les cancers (gorge, foie, oesophage, etc.) sont la première cause de mortalité due à l'alcool (15.000 décès par an)", rappellent-ils. Or, nombre d'hospitalisations pour cancers liés à l'alcool n'apparaissent pas dans les statistiques, faute d'être correctement signalées lors d'un séjour à l'hôpital.
"Cette sous déclaration concerne aussi les pathologies cardiovasculaires, or 8% de la mortalité cardiovasculaire, soit 12.000 décès par an, est attribuée à l'alcool", indique le Pr Paille. Elle "touche également les accidents et plus particulièrement la psychiatrie où un tiers des cas (bipolaire, schizophrénie ...) sont associés à une dépendance à l'alcool", ajoute le Dr Reynaud.