Délassant musculaire, le baclofène a été détourné de son usage par les alcooliques eux-mêmes pour lutter contre la dépendance. Cette utilisation dérivée a pris une telle ampleur que les autorités sanitaires avaient décidé d'en mesurer l'efficacité. Les résultats sont désormais connus et ont été présentés vendredi au congrès annuel d’alcoologie à Paris. Résultat ? Ce n'est pas le miracle attendu mais les effets restent spectaculaires dans certains cas.
Une réussite dans la moitié des cas, mais attention aux effets secondaires. Dans un peu plus d'un cas sur deux plus précisément, le baclofène fonctionne très bien. On ne devient pas abstinent mais pour les alcooliques très sévères. D'après l'étude, des buveurs de douze verres par jour sont passés à trois verres par jour. Le médicament ne permet pas un sevrage total mais réduit considérablement l'alcoolisme. Il faut cependant prendre garde aux effets secondaires. Plus la dose prise est forte, plus les effets secondaires sont importants, allant d'une légère somnolence jusqu'à un risque dépressif, voire suicidaire et sur ce dernier point, une étude complémentaire est en cours.
Un traitement recommandé pour les cas sévères. La question qui se pose est donc de mesurer les risques en fonction des bénéfices. Pour les addictologues, le baclofène est une réelle opportunité quand on a un gros problème d'alcool, car les risques connus ou supposés avec le baclofène ne sont rien comparés aux dégâts considérables causés par l'alcoolisme. La maladie représente 50.000 décès par an en France.
Le laboratoire français indépendant Ethypharm a confirmé vendredi qu'il comptait déposer "d'ici fin mars" une demande d'autorisation de mise sur le marché (AMM) en France. Jeudi, l'Agence nationale du médicament (ANSM) a par ailleurs prolongé d'un an sa recommandation d'utilisation temporaire (RTU) du baclofène pour traiter l'alcoolo-dépendance, et a également simplifié et élargi le cadre de cette recommandation mise en place il y a trois ans.