La consommation quotidienne de variétés fortes de cannabis serait responsable de cinq nouveaux cas de troubles mentaux sur dix, de type psychose, à Amsterdam et de trois sur dix à Londres, selon une nouvelle étude qui vient renforcer les observations de précédentes recherches.
Selon l'étude, les personnes qui consomment quotidiennement du cannabis sont trois fois plus susceptibles de recevoir un diagnostic d'un premier épisode de psychose que celles n'en ayant jamais pris. Ce risque est cinq fois plus élevé en cas d'utilisation quotidienne de cannabis à forte concentration.
"Si ces cannabis très puissants n'étaient plus disponibles, 12% des cas d'un premier épisode de psychose pourraient être prévenus en Europe", et cette proportion de cas évités atteindrait "30% à Londres et 50% à Amsterdam", estiment la docteure Marta Di Forti (King's College de Londres) et ses collègues dans l'article paru mercredi dans la revue médicale The Lancet.
"Super Skunk", "Dutch Nederwiet", les cannabis à haute teneur en THC (bien au-delà de 10%, de tétrahydrocannabinol, principale substance active du cannabis) sont largement disponibles dans ces deux villes où le lien avec avec un trouble psychotique est le plus fort, selon l'étude qui a porté sur 901 patients et 1.237 sujets en bonne santé de six pays répartis sur onze sites en Europe et au Brésil (un site).
La consommation de cannabis peut être liée au risque de psychose
En l'absence de cannabis à forte concentration, l'incidence de la psychose à Amsterdam tomberait de 37,9 à 18,8 pour 100.000 habitants par an ; et à Londres de 45,7 à 31,9/100.000, avancent-ils en supposant un lien de causalité. En Italie, France et Espagne, les cannabis à base de plantes, à plus faible teneur en THC (moins de 10%) étaient encore couramment utilisés, lors de l'étude. Mais l'usage de cannabis forts est à Paris, comme à Amsterdam ou Londres, "un puissant facteur prédictif de troubles psychotiques", notent les chercheurs.
Pour le psychiatre britannique Michael Bloomfield, cette recherche conforte le bien fondé du conseil d'éviter le cannabis à forte teneur en THC donné aux personnes qui en consomment à des fins récréatives" et aussi "qu'il faut prendre des précautions lors du traitement de patients avec des produits dérivés du cannabis".
Le Dr Amir Englund, chercheur du King's College de Londres, juge l'étude "importante", car elle confirme les conclusions d'études antérieures sur le risque plus élevé de psychose. Toutefois, souligne-t-il "de telles études ne permettent pas de dire si c'est l'usage fréquent de cannabis fort qui cause la psychose chez ces patients, ni de l'exclure". "Il se peut que le cannabis cause une psychose chez certains, ou que les patients atteints de psychose préfèrent un cannabis plus fort, ou les deux".