C'est une "épidémie invisible" qui inquiète les cardiologues. Pendant le confinement, de peur d'être contaminés par le coronavirus, nombreux sont les Français a avoir mis de côté leur santé si les symptômes n'étaient pas trop graves, ni en lien avec le Covid-19, et donc à ne pas être allés à l'hôpital. Début avril le professeur Pierre Amarenco alertait déjà sur le phénomène au micro d'Europe 1, en affirmant que la baisse des admissions pour AVC, AIT (l’accident ischémique transitoire, quand un caillot obstrue la circulation du sang dans le cerveau, ndlr) ou encore infarctus était "de l’ordre de 50 à 70%" en Île-de-France.
Deux mois plus tard, les conséquences de cette tendance se ressentent avec une augmentation des maladies cardio-vasculaires, notamment chez les femmes. Alors qu'une étude a été lancée pour quantifier avec précision le nombre de patientes concernées, les cardiologues, eux, tirent déjà la sonnette d'alarme.
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"Je me disais que les docteurs étaient débordés"
Parmi ces Françaises qui n'ont pas osé franchir le pas de la consultation, il y a Dorothée. "Je me disais que les docteurs étaient débordés, qu'il ne fallait pas se présenter pour dire 'on a mal par-ci, on a mal par-là'" confie cette mère de trois enfants au micro d'Europe 1. Entre les courses, le télétravail, le ménage et l'école à la maison, cette femme de 56 ans s'est occupée de tout chez elle pendant le confinement, sauf d'elle. Au point de ne pas faire assez attention à des douleurs dans le thorax, ni au rythme inhabituel de son cœur.
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"Des complications que l'on voyait trois fois par an, pas trois fois par mois"
C'est finalement son corps qui a dit stop. Et il a fallu "appeler le Samu, puis aller à l'hôpital". Depuis, Dorothée est suivie de très près pour son hypertension. Et le cas de cette mère de famille est loin d'être isolé : "Ce sont des complications que l'on voyait peut-être trois fois par an, pas trois fois par mois" explique la cardiologue du CHU de Lille Claire Mounier-Vehier et cofondatrice, avec Thierry Drilhon, de Agir pour le cœur des femmes. Une augmentation des cas que la spécialiste du CHU de Lille attribue au stress provoqué par le "changement de mode de vie" lié au confinement. Sans compter un télétravail rendu parfois complexe "par des enfants dont il fallait s'occuper et qui courraient partout".
Claire Mounier-Vehier rappelle également que le stress est "le troisième facteur de risque de l’infarctus du myocarde chez la femme". Dans 8 cas sur 10, les accidents cardio-vasculaires peuvent être évités, mais pour ça il ne faut pas hésiter à appeler son médecin ou à consulter.