Le vaccin russe Spoutnik V a été "adoubé" par The Lancet mardi : la prestigieuse revue médicale a publié une étude qui estime le vaccin russe efficace à plus de 91%, un chiffre quasi identique à l’efficacité des vaccins Moderna et Pfizer distribués dans l’Union européenne. Alors face au problème d’approvisionnement, des voix s’élèvent en Europe pour vacciner avec Spoutnik. Le président Macron a même annoncé qu'il avait envoyé une mission scientifique en Russie pour échanger avec les équipes sur place. Mais que vaut réellement ce vaccin, et va-t-il être utilisé en Europe ? Europe 1 a posé la question à l’Agence européenne du médicament et à Brigitte Autran, immunologue, membre du comité scientifique sur les vaccins Covid-19.
"Des résultats comparables"
"C'est un résultat qui est tout à fait intéressant et assez comparable à ce qui est observé avec les vaccins à ARN messager, Pfizer et Moderna, et avec un taux d'efficacité qui est supérieur à ce qui a été rapporté pour le vaccin à AstraZeneca", commence Brigitte Autran. L'immunologue pointe toutefois "quelques petites différences dans ces essais vaccinaux russes" par rapport à ceux déjà homologués. "En particulier, il a été exclu tous les volontaires qui avaient une infection par le VIH ou par le virus de l'hépatite B ou C, alors que ces patients n'étaient pas exclus des essais Pfizer. Mais en gros, ce sont des résultats qui sont comparables. Et la subtilité du vaccin russe, c'est qu'il utilise deux vecteurs différents. Cela pourrait expliquer éventuellement, ça reste à démontrer, mais cela peut expliquer une partie de ces très bons résultats".
Pas encore de demande d'homologation déposée
Avec ce constat, est-ce que l’Europe va en acheter ? Pour cela, il faudrait d’abord que l’Agence européenne du médicament l’autorise. Or, les Russes n’ont pas déposé de dossier, contrairement à ce que Moscou prétend. L’agence explique dans un mail envoyé à la correspondante d'Europe 1 à Bruxelles qu’elle a juste été sollicitée pour des conseils scientifiques, c'est-à-dire pour expliquer ce qu’il faut faire pour déposer un dossier.
Une réunion a eu lieu il y a deux semaines, mais les experts européens n’ont pas reçu de données à examiner. Donc si feu vert il y a un jour, ce n’est pas pour tout de suite ! La Commission européenne, elle, n’a pas de contacts avec les Russes, pas de contrat européen dans les tuyaux. Il faudrait produire en Europe et c’est en fait un peu tard dans le processus.
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Acheter des vaccins directement
Est-ce que les Européens auraient du s’intéresser à ce vaccin plus tôt ? Bruxelles se défend en pointant le manque de transparence du fabriquant. Sans compter que, il ne faut pas l’oublier, l'empoisonnement puis l’arrestation de l’opposant Alexei Navalny ont créé de fortes tensions avec Moscou depuis août dernier. Reste qu’aujourd’hui, rien n’empêche un pays européen, s’il le souhaite, d’acheter des vaccins russes directement, ce qu’a fait la Hongrie par exemple, et une porte que l’Allemagne laisse ouverte.