C'est la hantise des parents depuis la rentrée : l'épidémie de bronchiolite. Le ministre de la Santé a dû se rendre à l'évidence : les urgences pédiatriques sont submergées et incapables de traiter l'afflux de malades. Près de 7.000 enfants admis la semaine dernière, soit une hausse de 7%. La précocité et la force de cette vague empêchent les services de les accueillir dans de bonnes conditions.
C'est même l'angoisse de Vanessa, maman de deux jeunes enfants en Île-de-France, un département particulièrement touché, qui a peur de ne pas pouvoir être accueillie avec ses enfants. "C'est quelque chose qui me terrorise assez", confie-t-elle au micro d'Europe 1.
"Quand je vois les urgences surchargées, je me dis, pourvu que j'arrive à gérer mon fils"
C'est une maladie aux symptômes très spectaculaires qui touche un tiers des bébés de moins de deux ans. "Il avait six mois quand il a eu la bronchiolite pour la première fois. Respiration sifflante, les lèvres légèrement bleues. Aujourd'hui, quand je vois les urgences surchargées comme elles sont, je me dis pourvu que j'arrive à gérer mon fils et ma fille. Pourvu que, si jamais ils attrapent cette saleté de bronchiolite, elle ne soit pas corsée comme ils ont pu l'avoir quand ils avaient entre zéro et un an", continue Vanessa qui a décidé de prendre les devants si ces enfants tombaient malades. "J'ai mes beaux-parents qui vivent à Rouen donc si on avait besoin de partir en urgence, je sais que je pourrais me faire accueillir dans ma famille en Normandie."
Une situation qui n'est pas tenable pour Véronique Hentgen, pédiatre dans un service de la région parisienne. "On a beaucoup d'enfants hospitalisés, on n'a pas de places d'hospitalisation dans notre propre service, du coup, on renvoie des enfants à la maison qui mériteraient une hospitalisation", déplore-t-elle.
Des heures d'attente avant d'être hospitalisé
"Il y a de l'attente aux urgences. Un enfant peut attendre 7, 8, 9, 10 heures son lit d'hospitalisation dans un autre service", raconte Véronique. "Mais transférer un nourrisson à la maison, c'est forcément des soins dégradés. Est-ce que les parents peuvent les accompagner ? Qu'est-ce qu'on fait avec la fratrie ? Ce n'est pas simple de transférer un enfant." Cette crise du système de soins se traduit aussi par un manque de médecins généralistes. Le Sénat a validé le stage d'un an, obligatoire, pour les futurs praticiens. Cette quatrième année devra s'effectuer en priorité dans les déserts médicaux.
Qu'est-ce que le plan blanc déclenché par le gouvernement ?
Pour faire face à cette épidémie de bronchiolite, le gouvernement a déclenché le plan blanc qui permet de mobiliser du personnel et tous les moyens matériels dont un hôpital a besoin pour répondre à un afflux exceptionnel de patients. Cela permet aux directeurs d'établissement d'annuler les vacances prévues des soignants pour les garder au planning, de rappeler du personnel sur les jours de repos.
L'organisation et l'offre de soins sont chamboulées par ces plans blancs puisque le suivi des patients qui consultent à l'hôpital peut être interrompu. Les chirurgies considérées comme non-urgentes sont aussi repoussées pour permettre aux soignants de se concentrer. Aujourd'hui sur l'épidémie de bronchiolite, les médecins de ville sont aussi sollicités et peuvent être appelés à effectuer des gardes en ville le soir ou le week-end. Si tous ces moyens ne suffisent pas, le plan blanc permet de mobiliser la réserve sanitaire.