Les étudiants vont être formés aux "premiers secours en santé mentale", pour permettre de mieux repérer les troubles à l'âge critique de jeune adulte, a annoncé jeudi le gouvernement. La mesure fait partie d'une "feuille de route pour changer le regard sur la santé mentale et les personnes atteintes de troubles psychiques" présentée par le ministère de la Santé.
Un programme déjà présent dans plus de 20 pays. "La population étudiante (au sens large : universitaires, apprentis, diplômes professionnels...) est exposée à de nombreux stress. C'est aussi la tranche d'âge où des troubles psychiatriques graves peuvent se révéler, qui doivent être repérés le plus précocement possible", a expliqué le ministère.
L'idée de ces "premiers secours" est née en Australie en 2000, avant d'essaimer ailleurs. Un programme systématique est "déjà mis en oeuvre dans plus de 20 pays" selon le ministère. En Australie, les étudiants apprennent ainsi à reconnaître les signes trahissant des idées suicidaires, à écouter sans juger, à rassurer et orienter une personne en difficulté, à inciter à voir un professionnel de santé mentale, et à encourager des techniques pour le mieux-être.
Objectif : faire diminuer le nombre de suicides. "Ce programme permet d'intervenir facilement et de façon proactive, devant toute situation nécessitant des secours en santé mentale. Il s'adresse aux étudiants dans une logique d'aide par les pairs", a ajouté le ministère.
La "feuille de route" contient 37 actions pour faire en sorte que les troubles mentaux soient moins stigmatisés, et mieux prise en charge.
L'un des objectifs principaux est aussi de faire diminuer le nombre de suicides en France, "trop important", a affirmé la ministre Agnès Buzyn dans un entretien avec le Quotidien du médecin. Près de 9.000 personnes se sont suicidées en 2015, et 200.000 passages aux urgences ont été dus à des tentatives. "On développe le dispositif VigilanS, qui vise à recontacter les personnes qui ont fait des tentatives de suicide", a-t-elle ajouté.
Le ministère veut aussi, entre autres, "réduire le recours aux soins sans consentement, à l'isolement et à la contention". "En 2016, 93.740 personnes ont fait l'objet de soins psychiatriques sans consentement décidés par le directeur d'établissement ou par le préfet. Ce chiffre est en augmentation depuis 2012", a-t-il noté.