Mode avion la nuit, patch "anti-ondes", voire déménagement dans des zones blanches, ces territoires sans réseaux téléphoniques… Depuis le début des années 2000 et la démocratisation des téléphones portables et du Wi-Fi, une peur généralisée semble s’être emparée des Français ; celle des ondes électromagnétiques. Elles seraient responsables de maux de tête, de troubles cérébraux et même de cancers pour certains. Mais qu’en est-il exactement ? Europe 1 fait le point.
D’où viennent les ondes électromagnétiques ?
Il faut savoir que les ondes électromagnétiques sont partout. Elles proviennent de champs électromagnétiques, présents en majorité naturellement dans l’environnement, comme le champ magnétique terrestre, ou encore les champs créés par la foudre. Les rayonnements ultraviolets et la lumière visible issus du soleil font par exemple aussi partie des ondes électromagnétiques d’origine naturelle.
Les ondes transportent de l’énergie et peuvent servir de support à la transmission de données, raison pour laquelle elles sont utilisées dans le domaine des radiocommunications. Ces dernières sont catégorisées par leur fréquence, c’est-à-dire le nombre d’oscillations du champ électromagnétique en une seconde, calculé en Hertz. Celles des émetteurs de télévision, de radio, de téléphonie mobile ou des émetteurs Wi-Fi se classent de 10 kHz à 300 GHz environ.
Celles-ci sont dites "non-ionisantes", et produisent une énergie faible, inférieure à la lumière visible, et donc n’endommagent pas l’ADN, à l’inverse des ondes dites "ionisantes", utilisées en radiologie ou dans le nucléaire qui, elles, peuvent conduire à des cancers.
Sont-elles dangereuses pour la santé ?
Malgré des milliers d’études scientifiques, il n’existe à ce jour aucune preuve de la nocivité des ondes électromagnétiques sur la santé, comme l’a rappelé l’Agence nationale de sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Il existe cependant certaines publications sur une possible augmentation du risque de tumeur cérébrale sur le long terme pour les utilisateurs intensifs de téléphones mobiles ; raison pour laquelle le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) avec l’OMS, l’ont classé comme "cancérigène possible". Pour autant, ces études n’apportent pas de résultats suffisants pour s’inquiéter.
Pour expliquer ces désaccords, le spécialiste de la tech et vulgarisateur scientifique sur YouTube Léo Duff, pointe du doigt la méthode scientifique, nécessaire pour la crédibilité des faits avancés. "Le problème en sciences est qu’il est très difficile de prouver que quelque chose n’existe pas. Par exemple, pour prouver qu’il n’existe pas de corbeaux blancs, il faudrait que je sois certain d’avoir parcouru la planète entière et vous pourriez encore me dire que j’ai mal cherché", résume-t-il dans une vidéo sur le sujet publiée cette semaine. L’absence de preuve n’étant pas une preuve d’absence, la zone d’ombre créée par les études autour des ondes électromagnétiques continuent d’alimenter les angoisses.
En 2011, l'OMS classe les ondes électromagnétiques des smartphones dans la catégorie 2B, c'est à dire comme "peut-être cancérogènes".
— Léo Duff (@LeoDuffOff) November 19, 2023
Le danger invisible de nos téléphones.https://t.co/Q0vkXRifohpic.twitter.com/3assJja3OV
Surveillance sur l’effet thermique des ondes
Dans le domaine des radiofréquences, le seul effet des ondes électromagnétiques constaté aujourd’hui reste thermique : des niveaux élevés peuvent provoquer un échauffement des tissus biologiques, soit la peau et les tissus internes. Mais là encore, avec les précautions prisent par les autorités de santé, la chaleur produite par les ondes de nos téléphones et des émetteurs Wi-Fi ne présente aucun risque.
La limite légale de la quantité d'énergie que les téléphones peuvent émettre est fixée de 10 à 20 fois en dessous du seuil à partir duquel on observe un réchauffement. Au quotidien, dans des conditions de réseau acceptable - c'est-à-dire lorsque le téléphone ne "cherche" pas une connexion réseau - le niveau d'onde chute en moyenne de 32.000 fois. "Votre téléphone émet donc 32.000 fois moins d'ondes que la limite légale, elle-même fixée 10 à 20 fois en dessous du seuil à partir duquel on observe un réchauffement minime", rappelle le vulgarisateur Léo Duff.
Les produits "anti-ondes" vantés par des entreprises bien-être et des influenceurs s'avèrent donc inutiles. En testant 13 patchs différents, l’Anses a conclu dès 2013 que ces dispositifs ne présentaient "pas d’efficacité de protection significative pour l’ensemble des téléphones mobiles et des bandes de fréquence testés".