"La France affronte sa plus grave crise sanitaire depuis un siècle". Ce sont les mots d'Emmanuel Macron jeudi soir, lors d’une allocution détaillant une série de mesures pour limiter les conséquences de la crise provoquée par le Covid-19. Le président de la République a évoqué "une deuxième vague" de l'épidémie. Elle pourrait toucher non pas seulement des seniors, mais aussi des personnes plus jeunes, ce qui ajoute forcément à l'inquiétude générale.
"Je suis content que le président de la République ait placé ce coronavirus a une dimension nationale. C’est important, même si les chosent doivent lui remonter avec un petit temps de retard", commente au micro d’Europe 1 Gilles Pialoux, le chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Tenon. Ce praticien l’assure : les complications dues au coronavirus touchent aussi une population plus jeune. "Sur le terrain, on a déjà cette impression-là, quand on compare avec les chiffres chinois ou italiens, ou même avec les chiffres de la grippe, on s’aperçoit, dans les services de réanimation, à Paris comme dans l’est de la France, qu’il y a des sujets jeunes qui n’ont pas de comorbidité", c’est-à-dire qui ne présentent pas de pathologie qui feraient d’eux des patients à risque.
Une menace pour toutes les classes d'âge
C’est une étude chinoise, publiée le 28 février, qui a mis la puce à l’oreille des autorités sanitaires. Si la dangerosité d’une contamination au Covid-19 augmente chez les personnes âgées, les formes aiguës de l’infection peuvent bel et bien toucher toutes les classes d’âge. "Il ne suffit pas [pour développer une forme grave du coronavirus] d’avoir une pathologie et plus de 75 ans", avertit encore Gilles Pialoux. "C’est déjà une réalité sur le terrain : des jeunes sans comorbidité, en réanimation, avec des complications respiratoires graves qui nécessitent un jour de ventilation artificielle."
Une évolution qui diffère sensiblement de celle de la grippe
Au début de l’épidémie, les virologues on naturellement comparé le Covid-19 aux maladies déjà connues, en l’occurrence la grippe saisonnière dont les formes les plus graves concernent généralement les personnes âgées. Mais avec le recul et l’accumulation des études, il apparaît que ce virus répond à un modèle distinct : seulement la moitié des morts ont plus de 75 ans, contre 86% pour la grippe. L’aggravation peut se faire brutalement entre le septième et le dixième jour après l’apparition des symptômes. Enfin, le passage en réanimation dure généralement une vingtaine de jours, contre trois ou quatre pour la grippe.