Alors qu'un million de Français sont concernés, cette maladie reste méconnue. Elle n'est même parfois pas associée au terme de maladie, à tort. Car l'insuffisance cardiaque, si elle n'est pas diagnostiquée ou mal prise en charge, peut se révéler très grave. Au micro de Mélanie Gomez sur Europe 1, la docteure Florence Beauvais, cardiologue, a fait le point.
Essoufflement, fatigue, œdème et prise de poids doivent alerter
La première difficulté réside dans le diagnostic. Florence Beauvais rappelle que quatre signes doivent alerter. Pour s'en souvenir, un acronyme : EPOF, pour essoufflement, prise de poids, œdème et fatigue. "Essoufflé, c'est le premier symptôme, le plus fréquent", rappelle la spécialiste. "Il s'agit d'un essoufflement pour effort modéré. Si on n'arrive pas à monter plus de deux étages sans s'arrêter, il faut être interpellé." Pris isolément, cet essoufflement n'est pas suffisant pour faire le diagnostic.
Viennent ensuite la prise de poids et l’œdème, qui sont en réalité liés. "L'œdème, c'est quand on a les jambes qui gonflent, qu'on a du mal à mettre ses chaussures", détaille Florence Beauvais. "Si on appuie sur la cheville, l'empreinte reste. Ces œdèmes peuvent devenir très importants, remonter jusqu'aux mollets, jusqu'aux cuisses. Et dans ce cas là, on a une prise de poids car il y a une rétention d'eau et de sel." Cela devient alors impressionnant. "Chez certains patients, il y a des prises de poids en deux ou trois jours de trois à quatre kilos. Et ça n'est pas de la graisse."
Preuve que le diagnostic est encore difficile à réaliser, une étude faite auprès de patients insuffisants cardiaques a révélé qu'au moment de leur hospitalisation, "la moitié d'entre eux avaient des symptômes depuis au moins 15 jours, et un tiers depuis au moins deux mois", souligne Florence Beauvais. Le diagnostic formel s'effectue en deux temps : une prise de sang d'abord, puis une confirmation avec des examens passés chez le cardiologue.
Exercice physique et alimentation peu salée permettent de se réadapter
Vient ensuite le traitement. Celui-ci "repose sur des médicaments et sur d'autres stratégies", explique la cardiologue. Là encore, un acronyme : EPON, pour exercice, prendre son poids, observance régulière du traitement et ne pas trop saler. Rien ne peut guérir une insuffisance cardiaque, mais suivre ces conseils permet de "faire en sorte que l'organisme fonctionne correctement le plus longtemps possible", note Florence Beauvais.
L'exercice physique n'est pas forcément la pratique d'un sport. "Ce sont des exercices réguliers adaptés au patient." Une personne âgée n'a pas besoin de se mettre à la boxe par exemple. "On peut aussi marcher, prendre les escaliers. On peut faire des activités physiques avec des haltères, des petites choses comme ça", rappelle Florence Beauvais, qui conseille dans tous les cas d'être accompagné pour faire des choix adaptés à sa condition physique.
Il faut donc aussi se peser régulièrement et faire attention à suivre ses traitements médicamenteux. Enfin, comme l'insuffisance cardiaque entraîne une rétention d'eau et de sel, ne pas manger salé est primordial. "C'est compliqué", reconnaît Florence Beauvais, "d'autant plus qu'il y a énormément de sel caché dans l'alimentation."