Environ 40% des 18-24 ans présentent un trouble anxieux généralisé. Voici l'un des constats alarmants d'une enquête Ipsos pour FondaMental, fondation scientifique spécialisée dans le domaine des maladies mentales. Restrictions sanitaires et sociales, inquiétudes sur l'avenir en raison de la crise économique : la situation de la jeunesse se précarise et sa santé mentale se détériore. Stéphany Orain-Pélissolo, psychologue clinicienne, donne des clés sur Europe 1 pour détecter les troubles et mieux accompagner la détresse des jeunes afin d'éviter un "effet ricochet".
"On est dans une situation inédite qui entraîne un stress chronique. Il va se transformer petit à petit en trouble de l'anxiété généralisé, avec une inquiétude permanente pour l'avenir, pour sa santé, pour la santé de ses proches, au niveau financier... Et petit à petit, cette anxiété généralisée peut entraîner la dépression", détaille la psychologue. Privés de toutes les ressources habituelles pour aller mieux - lien social, fête, concert, sport, cinéma - les jeunes sont de plus en plus nombreux à ressentir un mal-être. Toujours selon l'enquête Ipsos, 20% des sondés sont déprimés et deux jeunes sur trois estiment que la crise aura des conséquences sur leur santé mentale.
Comment repérer les signes de troubles anxieux
Ces troubles anxieux peuvent avoir des conséquences physiques tels que des troubles du sommeil ou encore des troubles alimentaires. "Il faut qu'on intervienne maintenant", lance Stéphany Orain-Pélissolo. Pour les parents inquiets, quelques signes peuvent déjà alerter. "Quand on vit avec le jeune, il faut être attentif à son rythme au niveau du sommeil", explique la psychologue. "Si on voit qu'il commence à se décaler : attention."
Les résultats scolaires peuvent également donner un indice sur la perte de sens, la démotivation des adolescents face aux cours en ligne. "Pensez à regarder ses notes pour voir ce qu'il en est au niveau du suivi scolaire, qui devient de plus en plus difficile", conseille Stéphany Orain-Pélissolo. Autres signes : un changement brusque d'humeur, un mutisme. "Le jeune se met à être très isolé, à passer beaucoup de temps dans sa chambre, sans vraiment parler ni échanger", décrypte la professionnelle.
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L'essentiel est d'agir vite pour éviter que les symptômes perdurent : "Généralement, une période d'une semaine à quinze jours où on voit des troubles de l'appétit, du sommeil ou des changements de l'humeur nécessite une consultation", assure la psychologue-clinicienne.
Ecouter, normaliser "les idées noires"
L'une des premières solutions pour aider un jeune souffrant des symptômes évoqués ci-dessus, et l'accompagner vers une consultation si nécessaire, reste l'écoute et la parole. "Il y a des lignes d'écoute suffisantes pour certains étudiants, qui n'ont pas besoin d'aller plus loin. Le fait de partager va les soulager", explique Stéphany Orain-Pélissolo. Des plateformes de soutien psychologique dédiées telles que Covid Ecoute ou encore Ecoute Etudiant Ile-de-France permettent de consulter des guides, des exercices de méditation pour calmer ses angoisses ou de trouver des annuaires de praticiens. Une rencontre avec un médecin généraliste peut également permette d'orienter les jeunes, surtout si leur mal-être se cumule avec des addictions diverses (alcool, drogue, écran).
Les parents peuvent également tenter d'établir le contact avec leurs enfants, avec franchise, explique la psychologue. "Il faut aborder les choses assez directement avec eux", assure-t-elle. "Leur dire qu'on traverse une période difficile, que même nous les adultes en avons marre et commençons à nous lasser de cette situation." Interroger franchement l'enfant sur ses idées noires, sa perte d'espoir ou encore ses études afin de "normaliser" ces sentiments lourds à porter. "Normaliser ce genre d'idées que l'on peut tous avoir permet de rendre la parole accessible à l'enfant", résume la professionnelle de santé mentale.