Le parquet de Marseille a annoncé jeudi faire une évaluation d'un signalement par l'Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) sur des "essais cliniques" contre la tuberculose qui auraient été menés à l'Institut hospitalo-universitaire de Marseille (IHU) hors du cadre légal. "Que cela soit clair, il n’y a pas de recherche sur le traitement de la tuberculose au sein du pôle maladies infectieuses et tropicales de l’AP-HM hébergé par l’IHU de Marseille", a répliqué Didier Raoult sur Twitter, jeudi après-midi.
Que cela soit clair : il n'y a pas de recherche sur le traitement de la tuberculose au sein du pôle maladies infectieuses et tropicales de l'@aphm_actu hébergé par l'@IHU_Marseille.
— Didier Raoult (@raoult_didier) October 28, 2021
"Des antituberculeux utilisés" depuis la Guerre
L'épidémiologiste a ensuite relayé un message du professeur Philippe Brouqui, directeur du Pôle Maladies Infectieuses et Tropicales de l'AP-HM. "Les traitements utilisés dans le pôle sont des antituberculeux utilisés depuis la Seconde Guerre mondiale" et "les médicaments incriminés bénéficient tous d'une autorisation de mise sur le matché pour d'autres pathologies", se défend le spécialiste.
Le signalement mardi par la directrice de l'ANSM auprès du tribunal judiciaire et les pièces qui l'accompagnent "font l'objet d'une première évaluation par le parquet de Marseille pour appréciation des suites à donner", a écrit dans un communiqué la procureure de Marseille Dominique Laurens. "Ce signalement porte sur des essais cliniques qui auraient été réalisés au sein de l'IHU en-dehors du cadre légal", a-t-elle poursuivi.
Le soupçon d'une "expérimentation sauvage"
Mercredi, l'ANSM avait annoncé qu'elle avait saisi le procureur et allait "diligenter une inspection au sein" de l'IHU de Marseille, dirigé par le professeur controversé Didier Raoult. Selon Mediapart, qui a révélé l'affaire la semaine dernière, l'IHU a mené une "expérimentation sauvage" contre la tuberculose en utilisant une combinaison de quatre médicaments dont l'efficacité conjointe n'avait jamais été évaluée. Mercredi, l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM), dont dépend l'IHU, a indiqué que "malgré les réserves émises par l'ANSM, l'IHU Méditerranée Infection a continué à délivrer ces traitements" contre la tuberculose.
L'ANSM est l'autorité qui donne l'aval aux recherches impliquant des êtres humains, en particulier les essais cliniques de médicaments. L'enquête menée par l'organisme dont dépend l'IHU, confirme également que "certains" des patients traités contre la tuberculose avec la combinaison d'antibiotiques mise en cause ont été "atteints de complications rénales dont au moins un d'entre eux a nécessité une intervention chirurgicale".
Un départ l'année prochaine
De son côté, l'ANSM a précisé mercredi : "Aux termes de nos premières investigations, nous considérons que certaines études auraient dû être menées conformément à la législation encadrant les recherches impliquant la personne humaine (…). Ceci n'est pas admissible". L'IHU et Didier Raoult ont rencontré un fort écho médiatique au début de la pandémie de Covid-19, en 2020, en prônant l'hydroxychloroquine comme traitement de la maladie, malgré l'absence d'effet prouvé. Le médiatique virologue devra quitter son poste à l'été 2022.