L'enquête concernant le scandale du Mediator, ce médicament contre diabète utilisé comme coupe-faim et reconnu comme "un produit défectueux" pour ses effets secondaires graves, aurait été "tronquée", d'après les informations du Figaro de vendredi. Le journal qui a eu accès aux scellés révèle que "l'enquête judiciaire [...] a été faite dans un but : dédouaner les autorités sanitaires et politiques."
Une agence du médicament protégée de l'enquête. "Les procès-verbaux indiquent quasiment tous que le contenu des écoutes téléphoniques de membres de l'Agence du médicament (Afssaps, devenue ANSM en 2012) ne peuvent aider l'enquête en cours. 'Aucun élément susceptible d'intéresser la présente enquête n'a pu être relevé', écrit ainsi un capitaine de police", selon le quotidien. La responsabilité de l'agence chargée d'autoriser ou non la mise sur le marché d'un médicament aurait donc été volontairement écartée dès l'enquête.
Des perquisitions organisées. L'un des procès-verbaux rapportant une écoute téléphonique entre l'ancien patron de l'Afssaps, Jean Marimbert, et son épouse dévoile cette prise de position de la part des enquêteurs : '"Tu auras un classement sans suite ou un non-lieu", écoute du 2 février 2012)"', rapporte Le Figaro en citant l'un des procès-verbaux. Les gendarmes se seraient même excusés d'avoir effectué une perquisition au domicile de ce cadre de l'agence. Une série de perquisitions opérée quatorze mois après l'ouverture de l'enquête (un délai étonnamment long) dont l'Afssaps aurait d'ailleurs été informée au préalable.
D'après les scellés, Dominique Maraninchi, qui a succédé à Jean Marimbert en 2011, a été convoqué par les enquêteurs deux jours avant ces perquisitions qui se sont déroulées en 2012. À cinq reprises, les gendarmes lui auraient posé des questions sur l'emplacement de tel ou tel bureau et de tel ou tel dossier archivé qui concernaient les autorisation de mise sur le marché. Des renseignements demandés habituellement directement sur les lieux de la perquisition. "Pourquoi le faire venir pour lui demander des questions aussi inintéressantes si ce n'est pour le prévenir de la visite prochaine des enquêteurs ?", s'interroge Le Figaro.
Des saisies "a minima". Enfin les saisies réalisées lors de ces perquisitions auraient été volontairement très limitées. "Les interceptions téléphoniques révèlent que les gendarmes ont fait des saisies a minima." Plusieurs employés de l'Agence s'en sont même étonnés. Par exemple, sur 1.000 mails concernant le Mediator, seuls trois auraient été saisis par les enquêteurs sur l'ordinateur d'Anne Castot, ancienne chef du service de la gestion des risques et de l'information sur les médicaments. Une écoute téléphonique révèle qu'elle a exprimé sa surprise auprès d'une autre employée.
"Rien n'a véritablement changé". "Le problème d'avoir mené une instruction aussi grossière, c'est que rien n'a véritablement changé dans le système sanitaire en France", affirme le journal qui conclut sur le scandale de la Dépakine, un médicament anti-épileptique responsable de lourds handicaps développés par les foetus dont les mères prenaient ce traitement.