Plus de 10.000 personnes succombent chaque année en France à une mauvaise utilisation de médicaments, alors qu'au moins la moitié de ces morts sont évitables, a affirmé jeudi un collectif de professionnels de la santé.
Trois fois plus de morts que sur les routes. "Mauvais dosage, mauvaise prise, non-respect du traitement prescrit, interaction entre plusieurs médicaments... les causes d'un accident lié à un médicament sont diverses et les conséquences loin d'être anodines", écrit le "Collectif Bon Usage du médicament" dans un communiqué. Cette organisation regroupe de multiples acteurs des professions médicales, paramédicales et pharmaceutiques, de l'industrie pharmaceutique, de l'assurance complémentaire santé, et des systèmes d'information liés à la santé.
Les mésusages du médicament "sont responsables chaque année de plus de 10.000 décès", soit "trois fois plus que les accidents de la route", a souligné le Collectif. S'y ajoutent "plus de 130.000 hospitalisations", qui durent en moyenne une dizaine de jours. "Dans 45 à 70% des cas", ces accidents "seraient évitables", estime le Collectif. Un rapport d'experts remis au ministère de la Santé en 2013 soulignait que la France était un "mauvais élève européen", en particulier parce qu'elle consomme beaucoup de médicaments, vraisemblablement trop.
Les personnes âgées, les plus à risque. Les patients les plus à risque sont les personnes âgées. Entre 75 et 84 ans, elles prennent en effet quatre médicaments différents, en moyenne. Le Collectif s'est félicité d'avoir fait baisser leur consommation ces dernières années, en visant par des campagnes d'information les séniors et les professionnels qui les accompagnent. "Les signes d'alerte sont très banals : une fatigue excessive, une diminution de l'appétit, une perte de poids, des vertiges, un malaise, des troubles de l'équilibre, une chute, des pertes de mémoire, des troubles digestifs ou urinaires, des palpitations, des troubles de la vision", rappelle-t-il. Un colloque sur le sujet est organisé à Paris jeudi après-midi, ouvert par la ministre de la Santé Agnès Buzyn.