La mort dans l’Illinois, fin août, d’un adulte qui vapotait et présentait des symptômes similaires à ceux d’une grave insuffisance pulmonaire jette le trouble sur les vertus de la cigarette électronique. Près de 200 autres patients, également adeptes du vapotage, souffriraient de symptômes similaires, selon les autorités américaines qui n’ont pas encore réussi à identifier la cause exacte de cette mystérieuse maladie pulmonaire. De nombreux patients ont toutefois avoué avoir utilisé leur cigarette électronique pour consommer de la marijuana.
Pour Jean-Michel Delille, psychiatre et président de la Fédération d'addictologie, "l’usage de substance frelatée, notamment des dérivés d’huile de cannabis", offre la seule explication valable pour comprendre "cette évolution catastrophique, avec une insuffisance respiratoire majeure" de l’état de santé de ces patients, souvent âgés d’une petite vingtaine d’années. "L’huile empêche les échanges avec l’oxygène, c’est ce qui explique ces insuffisances respiratoires, avec des bronchopneumopathies obstructives, comme celles que l’on voit chez les très gros fumeurs", explique, au micro de Julien Pearce sur Europe 1, ce spécialiste, qui s'est lui-même rendu dans l'Illinois.
À la différence d’une cigarette classique, dont le principe est celui de la combustion, le vapotage consiste à inhaler des vapeurs créées par le chauffage à très haute température d'un liquide spécifique, contenant plus ou moins de nicotine, et que l’utilisateur charge dans sa cigarette électronique. L’utilisation d’un liquide huileux, initialement destiné à être brûlé, dans un système de production de vapeur, a donc pu provoquer la dissémination de fines gouttelettes d’huile dans les poumons des consommateurs.
Une confusion des usages liée à la légalisation du cannabis récréatif
"Le fait que le vapotage se développe massivement chez les jeunes a amené à cette confusion des usages, qui se sont révélés être particulièrement dangereux", pointe Jean-Michel Delille. "Ce genre de produit circule dans quelques Etats des Etats-Unis du fait de la légalisation du cannabis récréatif. L’huile de cannabis commence à y être disponible, sauf qu’elle n’est pas prévue pour être vapotée", relève-t-il.
"De mon point de vue, ça ne remet pas en cause le principe du vapotage et ses bénéfices. En revanche, ça rappelle que l’on ne doit pas vapoter n’importe quoi, et en particulier des substances non-contrôlées", insiste Jean-Michel Delille.
Fin juillet, l’OMS insistait dans un rapport sur le caractère "incontestablement" nocif de la cigarette électronique, appelant à une régulation des usages. De son côté, le président de la Fédération d'addictologie tient à rappeler qu’elle est l’une des premières causes de la baisse du tabagisme en France, et à fortiori "le meilleur outil disponible en terme de réduction des risques liés à l’usage du tabac."