Une vision pessimiste mais qui s'appuie sur des rapports scientifiques. Au micro de Sonia Mabrouk ce mercredi matin sur Europe 1, l'épidémiologiste Alice Desbiolles a affirmé que nous étions "rentrés dans l'ère des pandémies". Selon elle, le coronavirus n'est qu'un "avant-goût" de ce que nous allons vivre ces prochaines années.
Des risques à cause des activités humaines
Alice Desbiolles se base sur une étude de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. Ce rapport, intitulé "Echapper à l'ère des pandémies", a démontré en 2020 que les "activités humaines destructrices" comme la déforestation, le commerce des animaux sauvages, l'érosion et la destruction de la biodiversité constituaient des facteurs de risques, et donc des facteurs favorables à l'émergence d'épidémies.
Au contraire, "une biodiversité riche et variée protège les humains du risque de pandémie", souligne Alices Desbiolles. "Tout simplement grâce l'effet de dilution, qui fait que les agents pathogènes vont être dilués dans une très grande quantité, avec une grande variabilité génétique".
L'élevage industriel en ligne de mire
Pour limiter les risques de pandémie, il serait nécessaire de changer notre alimentation en consommant moins de viande car "l'élevage industriel va jouer un rôle d'amplificateur de l'agent pathogène", explique Alice Desbiolles. "Tout simplement parce que les animaux qui sont dans ces fermes industrielles sont en fait des clones au niveau génétique. Dès que vous avez un agent infectieux qui trouve la clé pour contaminer un animal, il va contaminer le reste de l'élevage". Et, si cette contamination survient dans un élevage de porcs, par exemple, c'est "la voie royale pour toucher l'être humain" car il y a un très grande proximité génétique entre le cochon et l'être humain.
Dans un contexte de mondialisation et de globalisation, ces risques de contamination vont être "diffusés très rapidement" à l'échelle de la planète. "Les villes sont de plus en plus denses, les systèmes de santé de plus en plus fragilisés. Là, vous avez le cocktail parfait pour des pandémies, souligne l'épidémiologiste.
Alice Desbiolles rappelle par ailleurs que nous avons tout intérêt à modifier nos modes de vie et de consommation car "l'impact économique actuel des pandémies et cent fois supérieur au coût estimé de leur prévention".