Cette découverte inquiète l'Europe. Alors que plusieurs pays s'apprêtent à fêter Noël sous de sévères restrictions, l'apparition en Grande-Bretagne d'une variante du coronavirus davantage contagieuse a poussé dimanche de nombreux pays européens, dont la France, à suspendre leurs vols avec ce pays. De nombreuses questions se posent : cause-t-elle un taux de mortalité plus élevé ? Affectera-t-elle l'efficacité des futurs vaccins ? Invité dimanche d'Europe 1, Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon, a invité à rester "très prudent", et a rassuré quant à l'éventuel impact de cette variante sur les vaccins.
La mutation d'un virus, un phénomène "normal"
Les coronavirus, rappelle Gilles Pialoux, "mutent régulièrement, (...) c'est complètement normal". Constatant "beaucoup d'excitation pour ce variant britannique", le scientifique fait également remarquer que "plus on a de personnes infectées, plus on a de mutations aléatoires, et plus grande est la fréquence possible de mutations qui peuvent avoir un impact".
D'ailleurs, insiste-t-il, "ces mutations sont inexorables. Plus il y aura des circulations du virus, plus il y aura de mutations".
Des données qui restent pour l'instant insuffisantes
Outre-Manche, le Premier ministre britannique Boris Johnson avait déclaré samedi que le virus qui circule à Londres et dans le sud-est de l'Angleterre était jusqu'à 70% plus contagieux que la précédente souche. "Pour l'instant, il n'a pas été démontré que cette mutation augmentait soit la transmissibilité, soit l'agressivité" du virus, nuance Gilles Pialoux, pour qui "on ne peut pas faire de corrélation entre le fait que les chiffres augmentent et cette mutation".
De plus, aucune publication scientifique ne permet pour l'instant de s'alarmer. "Pour la souche britannique, pour l'instant, on est sur la base de données anglaises et on n'a pas encore les données scientifiques", indique l'invité d'Europe 1.
"Cela ne remet pas en cause le vaccin"
Faut-il craindre que ce virus mutant ne soit plus couvert par le spectre vaccinal ? "On n'en est pas là", rassure Gilles Pialoux, "on a des éléments concrets pour dire qu'il y a très peu de probabilités". Pour le chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon, "il faut bien expliquer que ça ne remet pas en cause le vaccin".
"Il faut pas que tout se mélange dans la tête des Français", martèle encore le chercheur, rappelant qu'"on peut adapter un candidat vaccin à une variabilité", comme ce qui est fait avec la grippe. Et de conclure : "Il faut être extrêmement distancié avec le fait que ce mutant aura un impact sur la recherche vaccinale".