L'État doit aller au-delà de mesures récemment annoncées pour accélérer la vaccination contre le papillomavirus, afin de rattraper le retard français face à cette infection responsable de nombreux cancers dont celui du col de l'utérus, préviennent lundi plusieurs représentants des médecins et des patients. L'éradication des cancers liés au papillomavirus (HPV) est "une bataille française qui reste à mener", résument les signataires d'un appel qui rassemble, entre autres, l'Académie nationale de médecine, les principales sociétés savantes concernées (cancérologie, pédiatrie...) et des associations de patients.
Les HPV responsables de 6.000 cancers par an en France
Les infections au HPV, en majeure partie sexuellement transmissibles, sont généralement sans gravité, mais elles peuvent persister et aboutir à un cancer : les HPV sont responsables de 6.000 cancers par an en France, dont la moitié concerne le col de l'utérus. La vaccination, à l'adolescence, permet d'éviter la plupart de ces cancers. Mais en France, contrairement à de nombreux autres pays (Royaume-Uni, Espagne, Australie...), elle reste très insuffisante : à peine plus de 40% des filles de 16 ans ont été vaccinées et même pas 10% des garçons.
L'État, par la voix du président Emmanuel Macron, a certes annoncé en début d'année une campagne de vaccination généralisée dans les collèges, auprès des élèves de cinquième. Mais il reste à voir comment cette mesure va se traduire sur le terrain, alors que la médecine scolaire manque fortement de moyens et que de nombreux établissements sont déjà dans l'incapacité d'assurer leurs obligations en la matière.
Les annonces du début d'année marquent "une volonté politique forte", reconnaissent les signataires de l'appel de lundi. Toutefois, il y a "urgence à réunir tous les moyens nécessaires au déploiement" de la campagne de vaccination dans les collèges, enchaînent-ils, notant aussi que cette mesure ne peut se suffire à elle-même.
Nécessité d'une "campagne d'information massive"
"La vaccination en milieu scolaire sera un élément indispensable mais insuffisant isolément", ont-ils insisté, faisant référence à une première expérience menée dans l'est de la France. "Celle-ci montre que 20% des parents ont consenti à la vaccination de leur enfant et seuls 16% des élèves ont pu être effectivement vaccinés", remarque l'appel, évoquant la nécessité d'une "campagne d'information massive", auprès des soignants comme du grand public.
Au-delà de la campagne dans les collèges, les signataires demandent des mesures plus large, comme de pouvoir se faire vacciner gratuitement jusqu'à 26 ans pour tous. Actuellement, cette vaccination n'est possible que pour les hommes ayant des rapports homosexuels.