La reconnaissance pour une victime, avant d'en attendre d'autres ? Marcel Geslin, un ancien employé arboricole mort en juin dernier à 74 ans, a en tout cas obtenu jeudi la reconnaissance par la justice de l'origine professionnelle de sa maladie de Parkinson, a-t-on appris auprès du tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) du Maine-et-Loire.
Le Tass homologue l'avis du Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles de Bretagne
Dans une décision du 15 avril, reçue par courrier ce jeudi par le frère de la victime, le Tass a infirmé la décision de la commission de recours amiable de la Mutualité sociale agricole (MSA) de Maine-et-Loire, qui avait rejeté en octobre 2017 la demande de reconnaissance de l'origine professionnelle de la maladie de Parkinson de Marcel Geslin. Le tribunal a en revanche "homologué l'avis du Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles de Bretagne en date du 3 décembre 2018, favorable lui à cette reconnaissance".
Dans son jugement consulté, le Tass conclut "que la maladie de Monsieur Geslin doit être prise en charge au titre de la législation sur les risques professionnels" et enjoint à la MSA de Maine-et-Loire "d'opérer en conséquence les régularisations financières".
"C'est plus qu'une victoire pour l'honneur"
"C'est plus qu'une victoire pour l'honneur", a déclaré Michel Geslin, frère et tuteur de Marcel, qui a mené le combat pour obtenir cette reconnaissance mais n'en attend rien financièrement, disant "préférer se battre pour l'indemnisation de personnes encore en vie". "Avec la médiatisation de l'histoire de mon frère, nous avons fait bouger les choses. D'autres victimes des pesticides se sont manifestées auprès de nous pour faire entendre leur voix et ne plus subir la loi du silence."
Maladie de type Alzheimer requalifiée en Parkinson
Employé pendant 37 ans dans la même entreprise arboricole à Loiré, près d'Angers, où il a passé toute sa vie, Marcel Geslin était préposé à l'entretien des vergers, la taille, l'éclaircissage, la cueillette... "Il ne manipulait pas lui-même les produits phytosanitaires. Mais comme tous les employés à l'époque, il travaillait dans les rangs pendant et après les traitements", rapporte Michel Geslin.
Apparus en 2008 après son départ en retraite, ses troubles ont été diagnostiqués "de type Alzheimer" avant d'être requalifiés en "maladie de Parkinson" quelques années plus tard, entraînant l'ouverture d'une demande de reconnaissance en maladie professionnelle provoquée par les pesticides.
"Être reconnu en maladie professionnelle, c'est un dû pour tous ceux qui ont utilisé ou été exposés aux pesticides sans être informés des dangers, formés et protégés", a réagi dans un communiqué le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l'Ouest, précisant que "Parkinson est au tableau des maladies professionnelles du régime agricole, comme maladie due aux pesticides".