L'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) a été saisie pour évaluer l'impact de la pollution au plomb relevée dans les rues de Paris après l'incendie de Notre-Dame. Les travaux de l'Anses doivent aider à répondre au problème inédit posé par l'incendie de Notre-Dame : il n'existe pas de seuil réglementaire sur la présence de plomb dans les rues et les risques sanitaires liés à cette pollution sont donc difficiles à évaluer.
Ces travaux "ont pour but de caractériser l'exposition des personnes au plomb découlant de la contamination de ces surfaces d'espaces publics extérieurs", a indiqué la Direction générale de la santé (DSG), qui dépend du ministère des solidarités et de la santé. "Dans la mesure du possible, une mise en perspective devra être faite avec les autres sources d'exposition", assure la DGS.
Les niveaux de plomb ont justifié la fermeture au public
Les poussières de plomb retrouvées sur l'asphalte parisien pourraient en effet n'être pas dues seulement à l'incendie de la cathédrale, mais aussi à des sources plus anciennes, ont suggéré à plusieurs reprises les autorités sanitaires. "Ces travaux concerneront en premier lieu la population générale", et d'abord "les individus sensibles tels que les enfants ou les femmes enceintes", a-t-elle poursuivi.
Ils "porteront également sur les travailleurs, en ciblant prioritairement ceux exerçant principalement leur activité au niveau des espaces publics extérieurs", a ajouté la DGS. En l'absence de seuil, évaluer l'impact de la pollution extérieure au plomb n'est pas facile. Après l'incendie mi-avril, les niveaux mesurés sur le parvis (500.000 à 900.000 µg/m2) et dans la cathédrale ont justifié la fermeture au public et la suspension du chantier fin juillet. Il a repris le 19 août, avec de nouvelles mesures de protection pour les travailleurs.
Mais des mesures prises dans les alentours ont révélé des valeurs disparates, difficiles à interpréter: 50.000 µg/m2 rue de la Cité ou encore 20.000 µg/m2 place Saint-Michel, de l'autre côté de la Seine. Pour tenter de mieux comprendre, les autorités ont cherché à déterminer quel taux du fameux métal était déjà présent sur les sols parisiens avant l'incendie, héritage du plomb contenu dans l'essence jusqu'en 2000 ou de celui utilisé pour le revêtement des bâtiments anciens.
260 enfants ont fait une plombémie depuis l'incendie
A partir de prélèvements de ces dernières années, l'Agence régionale de santé (ARS) a estimé à 5.000 µg/m2 le niveau de pollution au plomb qu'on peut s'attendre à retrouver dans les rues de la capitale. L'incendie de Notre-Dame avait fait fondre plusieurs centaines de tonnes de plomb se trouvant dans la charpente du monument gothique. Des travaux de dépollution ont été effectués dans plusieurs établissements scolaires autour du monument.
Environ 260 enfants scolarisés dans les établissements proches de la cathédrale ont réalisé une plombémie (analyse du taux de plomb dans le sang) depuis l'incendie. Trois cas d'enfants avec trop de plomb dans le sang ont été annoncés, mais sans qu'un lien puisse être avéré avec l'incendie de Notre-Dame.