L'air que l'on respire semble décidément bien encombré. Après les particules fines, les particules ultra-fines sont pointées du doigt. L’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, nous dit cette semaine que cette catégorie de particules rejetée par les pots d’échappement ou l’industrie du bois présente, elle aussi, un risque pour la santé.
"Des effets au niveau respiratoire ou cardiovasculaire"
L'Agence a en effet passé aux cribles des études sur les particules de l'air ambiant extérieur et leur impact sur la santé en fonction de leur composition, leur source et leur taille. Elle a aussi étudié l'impact de la composition du parc de véhicules automobiles en France sur la pollution atmosphérique.
Les conséquences sanitaires de l'exposition aux particules fines sont déjà connues. Selon l'agence Santé publique France, elle entraîne chaque année 48.000 morts prématurées dans le pays. Mais il existe aussi de nombreuses preuves "d'effets néfastes pour la santé concernant les particules ultra fines (taille nanométrique)", selon un communiqué de l'Anses publié mardi, qui alerte également sur deux autres gaz issus du trafic routier : le carbone suie et le carbone organique.
"Les particules ultra fines ont des effets au niveau respiratoire ou cardiovasculaire : elles vont dans l'arbre respiratoire, jusqu'aux alvéoles et elles rejoignent la circulation sanguine", indique Guillaume Boulanger, de l'unité d'évolution des risques liés à l'air à l'Anses. Le carbone suie et le carbone organique, eux, résultent de la combustion incomplète issue des moteurs, surtout diesel ou encore la combustion résiduelle de bois ou de charbon. Ils comprennent "des composés très réactifs qui vont créer des inflammations au niveau respiratoire plus importantes et ils peuvent aussi provoquer des cancers", avertit Guillaume Boulanger.
Le carbone suie et les particules ultra fines pourraient aussi avoir un impact "sur le développement des performances cognitives de l'enfant", et le carbone suie avoir un rôle sur le "faible poids des naissances", selon l'Anses, pour qui il faudrait des données supplémentaires pour confirmer ce lien.
"Il faut encourager les technologies alternatives, mais surtout réduire le trafic"
Dans son rapport, l'Anses recommande donc de mieux prendre en compte ce type de polluants dans la mise en place des politiques publiques. Elle demande également de mieux documenter les effets d'autres sources de pollution que sont l'agriculture, le transport maritime et l'activité portuaire.
L'Agence a aussi développé différents scénarios concernant la composition du parc de véhicules et son évolution à 2025. Les évolutions technologiques, comme les filtres à particules sur les véhicules diesel, "permettent une diminution des émissions de particules mais sont insuffisantes pour améliorer durablement la qualité de l'air", pour Guillaume Boulanger. "Il faut encourager des technologies alternatives, dont le véhicule électrique, mais surtout il faut réduire le trafic par les transports en commun, la marche à pied, le vélo, l'intermodalité", insiste-t-il.
La France fait partie des mauvais élèves au sein de l'Union européenne en termes de qualité de l'air, ce qui lui a valu en 2018 d'être renvoyée devant la justice, avec cinq autres Etats membres. La Commission européenne reproche à Paris de ne pas respecter les limites fixées pour les émissions de dioxyde d'azote (NO2), qui s'échappent des pots d'échappement et étouffent les agglomérations congestionnées.