Avec l'avènement des plateformes de streaming vidéo et de la consommation frénétique de séries, le fameux "binge watching", la tentation est toujours plus grande pour les amateurs de ce genre de programmes d'enchaîner les épisodes après les cours ou le travail, quitte à passer une bonne partie de la nuit devant son écran. C'est le cas d'Alexandre, un auditeur d'Europe 1, qui fait souvent des nuits blanches, mais constate qu'il lui faut désormais plus de temps pour récupérer les jours suivants. Dans "Sans rendez-vous", il a ainsi demandé des conseils pour mieux récupérer, mais le docteur Jimmy Mohamed a préféré lui rappeler l'importance de conserver un rythme de sommeil régulier.
La question d'Alexandre
Je fais souvent des nuits blanches. Mais après la dernière, il m'a fallu trois jours pour m'en remettre. Auriez-vous des conseils pour mieux récupérer après ces nuits blanches ?
La réponse de Jimmy Mohamed
"Il faut prendre conscience que le sommeil n'est pas un phénomène passif. On a l'impression que quand on dort, on ferme les yeux, il ne se passe rien et que c'est quelque chose de naturel. Mais ce n'est naturel que quand on respecte ce sommeil.
En journée, on est fait pour être réveillé. La nuit, on est censé dormir, et on a dans le cerveau une horloge biologique qui nous dit que lorsqu'il fait chaud, il faut être réveillé et que le soir, quand la température va baisser, il faut dormir.
L'influence sur le métabolisme
Les rythmes biologiques doivent être synchronisés par la lumière. Si vous commencez à faire l'inverse, à jouer la nuit et à dormir la journée, votre horloge biologique va être perturbée et tout le système hormonal va être impacté. Au niveau du métabolisme, vous allez prendre plus de poids, synthétiser moins de mélatonine. Or, on sait que cette mélatonine a une action anti-oxydante, anti-cancéreuse. On a ainsi pu prouver que, par exemple, les infirmières qui travaillent de nuit font plus de cancer du sein quand elles font des roulements.
Quand on ne dort pas la nuit, on ne répare pas son cerveau. C'est pour ça qu'il faut absolument essayer d'avoir des rythmes équilibrés. Il faut comprendre que le sommeil va être perturbé par les écrans. Cela va perturber la mélatonine. Et si vous dormez en vous couchant à minuit, après être exposé aux écrans de façon massive, même si vous avez l'impression de bien dormir, si on faisait un enregistrement du sommeil, on s'apercevrait que votre sommeil est perturbé.
Il ne faut pas oublier que le principal concurrent des plateformes est votre sommeil, ils sont là pour vous mettre en permanence devant vos écrans avec ces séries qui s'enchaînent. Je vous conseille de profiter des bonnes choses. Frustrez-vous, mettez-vous des limites. Vous allez mieux dormir, et le lendemain vous serez contents de retrouver votre série.
Passer un contrat avec son enfant
Alors bien sûr, notamment pour les parents d'enfants en bas âges qui sont coincés à domicile avec les nouvelles restrictions contre l'épidémie de coronavirus, on peut accepter que les enfants consomment un peu plus d'écran, mais en fixant des règles. Si vous expliquez à votre enfant que c'est une demi-heure de temps d'écran, avant qu'il soit devant cet écran, il va l'accepter. En revanche, si vous lui enlevez son écran au bout d'une demi-heure sans l'avoir prévenu, il va être frustré.
Vous pouvez aussi essayer d'être un peu plus souple le week-end, en passant un contrat : en semaine, on travaille comme si on était à l'école, et le week-end, on peut se relâcher et profiter un peu."