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Quand la réalité virtuelle soigne les phobies et les addictions

Ugo Pascolo - Mis à jour le . 2 min

Au micro de "Sans Rendez-vous", le psychiatre Eric Malbos revient sur les bienfaits de la réalité virtuelle dans le cadre d'une psychothérapie pour soigner une phobie ou mettre fin à une addiction. Baptisée thérapie par exposition à la réalité virtuelle (TERV), cette technique obtient notamment de bons résultats pour arrêter de fumer. 

Et si le virtuel pouvait aider à vaincre des maux bien réels ? C'est en tout cas une certitude pour quelque 1.000 professionnels de santé en France, Belgique et Suisse, qui ont recours à la réalité virtuelle pour venir à bout des tocs, phobies et autres addictions de leurs patients. Une évolution qui semble naturelle puisque dans toute thérapie cognitivo-comportementale (TCC) existe une phase où un patient est mis face à sa peur, ou sa tentation. Mais "mettre par exemple un patient qui a peur des chiens en face d'un vrai chien, c'est quand même très brutal et très dur", explique Eric Malbos, auteur de Psychothérapie et réalité virtuelle, paru chez Odile Jacob. C'est donc là qu'intervient la thérapie virtuelle.

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Être mis petit à petit face à son addiction ou sa peur

Avec la thérapie par exposition à la réalité virtuelle (TERV), il est possible de procéder par étape, ajoute au micro de "Sans Rendez-vous" ce psychiatre et enseignant-chercheur au CHU Conception à l’Assistance publique hôpitaux de Marseille (AP-HM). "Comme dans tous apprentissages, vous ne jetez pas un enfant dans l'océan pour qu'il apprenne à nager. Il faut y aller lentement." Si bien que dans le cas d'un patient qui a une phobie des avions, l'environnement virtuel permet de commencer par faire s'asseoir la personne dans un avion vide et parfaitement immobile, avant de progressivement mettre les gaz pour lui faire vivre virtuellement un véritable vol grâce au casque de réalité virtuelle. "Un Paris-Los Angeles en 30 minutes", s'amuse le psychiatre.

Et pour "accentuer l'immersion" dans le cas d'une peur panique des turbulences, il est même possible d'ajouter un fauteuil vibrant. "L'idée c'est de se sentir présent dans un environnement qui n'existe pas pour provoquer les mêmes émotions" et les contrôler via des techniques de TCC classiques comme la gestion des émotions ou la relaxation. Une méthode qui a fait ses preuves et qui se révèle même "plus efficace que la TCC selon plusieurs métanalyses", fait valoir Eric Malbos. 

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"72% des patients fumeurs n'ont pas rechuté"

D'autant que la TERV fonctionne aussi pour les addictions : "72% des patients fumeurs n'ont pas rechuté", indique ainsi le spécialiste, auteur de Psychothérapie et réalité virtuelle, paru chez Odile Jacob. "Ça fonctionne aussi très bien pour l'addiction à l'alcool, à l'héroïne, à la cocaïne..." Le principe reste le même : "on expose les patients à des environnements de tentations (rave party, boite de nuit, pause café au travail...)". Dans le cas d'un fumeur qui souhaite arrêter, "on fait monter l'envie pour qu'il sache quoi faire quand elle arrive". 

Et si cette dernière est trop forte, le patient peut même interagir et prendre une cigarette virtuelle grâce à des "contrôleurs", des manettes. "Ils ont l'impression de vraiment fumer", assure Eric Malbos, qui glisse que plusieurs de ses patients lui ont confié avoir même "la sensation de sentir l'odeur du tabac".

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Malgré son efficacité, la TERV n'est pas destinée à tous. "Il faut que les patients soient tournés vers le présent ou l'avenir pour se libérer de quelque chose", indique le spécialiste. Dans le cas contraire, "il vaut mieux aller voir un psychanalyste". 

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