On nous le promet depuis près de quinze ans, mais cette fois ce pourrait bien être la bonne. Le Dossier médical partagé, dit "DMP", va être lancé et généralisé mardi pour tous les Français. Il s'agit d'un carnet de santé numérique qui va contenir toutes nos informations médicales. Europe 1 vous explique comment ça marche.
À quoi ça va ressembler un DMP ?
Oubliez votre carnet de santé en carton tout abîmé, et bien souvent égaré. Avec le DMP, tout votre dossier médical sera accessible sur le site Internet DMP.fr. Dans les prochaines semaines, si vous êtes affilié à l'Assurance Maladie, vous allez recevoir un courrier contenant un identifiant et un mot de passe, grâce auxquels vous pourrez créer votre compte personnel.
Si vous êtes allergique à l'informatique, pas de panique. Vous pouvez aussi faire cette démarche avec un conseiller dans votre caisse primaire d'Assurance Maladie, ou encore chez votre pharmacien. Information importante : sachez que la création de votre DMP n'est pas obligatoire, si vous n'en avez pas envie ou besoin.
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Quelles informations va-t-il contenir ?
Le DMP peut contenir toutes les informations médicales qui vous concernent, de votre groupe sanguin à vos allergies, en passant par l'état de vos vaccinations ou votre position sur le don d'organes. On va également pouvoir y stocker des informations plus volumineuses, comme toutes vos radios, vos bilans sanguins, ou encore vos comptes rendus d'opérations.
C'est l'Assurance Maladie qui injectera automatiquement dans le DMP "l'historique des remboursements" des actes et des médicaments sur les deux dernières années.
L'avantage pour les patients, c'est donc que tout soit centralisé au même endroit. Plus besoin, par exemple, de chercher en urgence où sont rangés les clichés de la dernière mammographie avant d'aller chez le gynécologue. Cela permet aussi d'éviter les actes inutiles ou redondants puisque chaque professionnel peut voir ce qu'un autre confrère vous a déjà prescrit.
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Qui va pouvoir consulter les informations de mon DMP ?
En quelques clics, le médecin peut accéder à vos informations directement sur votre DMP… à condition de l'y avoir préalablement autorisé. Dans ce dispositif, c'est vraiment le patient qui garde la main. On peut même choisir les documents auquel tel ou tel médecin peut accéder ou pas. On peut par exemple faire en sorte que son kiné puisse voir le compte rendu de sa radio de l'épaule, mais pas celui de son dernier frottis. Le seul soignant qui, comme le patient, à accès à tout, c'est le médecin traitant.
Le seul cas de figure où le DMP pourra être ouvert sans votre autorisation, c'est en cas d'urgence. Cette fonction, appelée "bris de glace", permet à un urgentiste de le consulter si vous êtes inconscient. Mais même pour ça, vous pouvez spécifier que vous refusez la consultation. Même mourant, personne ne pourra ouvrir votre DMP !
Notons également qu'en aucun cas, des personnes autres que des soignants, comme votre banquier ou votre assureur, ne peuvent jeter un œil à vos données.
Une fois en ligne, qu'est-ce qui me garantit que mes données ne seront pas piratées ?
"On ne peut jamais être sûrs à 100%", avertit Francis Brichet, directeur du développement de Coreye Healthcare, expert en transformation digitale en santé, "car les hackers changent sans cesse de méthode." "Mais l'Assurance Maladie, ce n'est pas des débutants, ils ont l'habitude de stocker et sécuriser ce type de données. Ils ont donc dû prévoir ce qu'il y a de mieux en termes de sécurité. En Europe, et surtout en France, on est les plus stricts en la matière, bien plus qu'aux Etats-Unis", assure le spécialiste.
Selon Francis Brichet, le DMP va représenter le plus gros regroupement de données médicales en France, et sera donc "LA cible la plus importante des cyberpirates." "Ces données valent de l'or pour les hackers, car elles se revendent très cher au marché noir, bien plus que les données bancaires", indique l'expert. Les cyberpirates s'en servent pour demander des rançons aux laboratoires de biologie médicale. C'est le cas de Labio, qui a été rançonné de 20.000 euros.
Pour preuve, les intrusions dans les systèmes informatiques des hôpitaux auraient augmenté de 600% en 2015, selon une agence de cybersécurité du ministère de la Défense américain.