A mesure que le coronavirus s'est propagé dans une trentaine de pays, de nombreuses informations contradictoires ont fait le tour du monde. Plusieurs centaines de scientifiques se sont réunis mardi et mercredi à Genève, au siège de l'Organisation mondiale de la santé, pour faire le point sur les connaissances actuelles sur cette épidémie, qui a causé plus de 1.100 morts en Chine. Europe 1 tente d'y voir plus clair sur ce que l'on sait, et ce que l'on ignore, sur le coronavirus.
Quelle est la période d'incubation ?
Selon une étude chinoise, relayée par de nombreux médias dont Europe 1, la durée d'incubation du virus serait bien plus longue, avec une extension à 24 jours. Sauf que cette étude n'a pas été vérifiée par d'autres scientifiques. La grande majorité des chercheurs français estime donc qu'elle n'est pas assez fiable et qu'en réalité la période d'incubation moyenne reste bien de 3 à 5 jours, avec un maximum à 14 jours. La période de quarantaine pour les Français revenant de Chine, par exemple, restera à 14 jours. Il n'est pas, pour le moment, question de l'augmenter.
Peut-on être contagieux sans symptômes ?
La question divise les chercheurs. Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur, estime qu'il est possible d'être contagieux sans symptômes. "Il y a eu quelques cas décrits qui le montrent. Maintenant est-ce que c'est 5%, 10%, est-ce que c'est quelque chose de plus fréquent qu'on ne l'imaginait ? C'est très important de le déterminer. De la capacité à identifier les patients, et les isoler rapidement avant qu'ils ne contaminent d'autres personnes, dépendra de quand la contagiosité démarre", déclare le scientifique. En clair, l'OMS s'inquiète de possibles porteurs du virus qui s'ignoreraient, et qui risqueraient de répandre l'épidémie.
Les selles sont-elles une source de contamination ?
Le virus se transmet quand on tousse, par projection de salive ou par le contact physique. Mais à ce stade, il est impossible de savoir si les selles sont une source de contamination. Des traces du virus ont bien été retrouvées dans les selles de certains malades, y compris en France. Mais on ne sait pas si ce sont des traces d'un virus "mort", ou bien encore actif et susceptible de contaminer. L'enjeu est particulièrement important pour les pays peu développés, où le système d'évacuation des eaux usées est parfois inexistant.
Le retour du printemps peut-il stopper l'épidémie ?
Le président américain a prédit, lundi, que l'épidémie de coronavirus disparaîtrait probablement en avril à cause de la chaleur. "D'ici avril, ou au cours du mois d'avril, la chaleur, en général tue ce genre de virus", a déclaré Donald Trump. Il est vrai que es coronavirus, comme la grippe, sont souvent saisonniers et prospèrent l'hiver, quand les organismes sont plus fragiles et que la population vit surtout à l'intérieur avec plus de promiscuité. C'est vrai aussi que le SRAS, en 2003, s'était éteint au mois de juin (le SRAS, syndrome respiratoire aigu sévère, de la même famille que le coronavirus, avait tué 750 personnes dans le monde, ndlr).
Mais ce COVID-19, le nom officiel donné par l'OMS au coronavirus, est encore un virus nouveau. Il est impossible, pour le moment, de savoir comment le virus va réagir aux changements de températures. Le MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient), par exemple, un autre de ses cousins, se porte très bien sous les températures élevées du Moyen-Orient.