Près de 250.000 œufs contaminés au fipronil ont été mis sur le marché en France. Au total, quinze pays de l'Union européenne, ainsi que la Suisse et Hong Kong, sont pour l'instant touchés par la crise des œufs contaminés. Dans chacun de ces pays, ce pesticide pourtant interdit dans le secteur alimentaire s’est retrouvé sur des œufs destinés à la consommation. Bruxelles entend réunir ces pays le 26 septembre lors d'une réunion destinée à "tirer les leçons" de la crise.
Qu’est-ce que le fipronil ?
Insecticide utilisé notamment contre les poux, les tiques et les puces, le friponil est utilisé en Europe pour les animaux de compagnie. Très efficace, il est également considéré comme un neurotoxique (susceptible de dérégler le système nerveux) et peut entraîner des dommages pour la thyroïde et les reins s’il est consommé à très forte dose. C’est pour cette raison que l’Union européenne l’interdit pour les animaux destinés à l’alimentation.
Comment s’est-il retrouvé dans des œufs destinés à la consommation ?
Les éleveurs semblent avoir, selon les diverses enquêtes en cours, utilisé un désinfectant, le Dega-19, fourni par la société Chickfried. Selon des médias belges et néerlandais, cette société hollandaise aurait acheté son désinfectant dans le nord de la Belgique, auprès de la société Poultry-Vision. Mais cette dernière dément avoir utilisé un procédé frauduleux. Le mystère reste donc entier et l'enquête est en cours.
" Une personne de 70 kg peut manger une quinzaine d'œufs "
À quelle dose y a-t-il danger pour le consommateur ?
Selon les autorités belges, la quantité de pesticide retrouvée dans les œufs est dix fois inférieure aux normes européennes en-dessous desquels le fipronil est jugé non dangereux. "Les cas mortels sont rarissimes. Peut-être un cas en 30 ans. Il faut vraiment des doses massives, de l'ordre pratiquement d'un demi-gramme. Dans un œuf, vous en avez 10.000 à 100.000 fois moins", rassure par ailleurs Alfred Bernard, toxicologue et professeur à l’Université catholique de Louvain, cité par la RTBF.
L'Anses, l'Agence de sécurité de l'alimentation, estime, dans un avis publié vendredi, que "la quantité maximale d’œufs pouvant être consommés varie d'un (pour un enfant d'un à trois ans) à dix par jour (pour un adulte)", "sans s'exposer à un risque aigu".
Si les risques d’une consommation de cet ordre ne sont pas mortels, le fipronil peut tout de même entraîner des vertiges, des nausées ou des vomissements, surtout chez les enfants. En outre, tout dépend de l’élevage d’où proviennent les œufs, car si le désinfectant a été vaporisé en présence des poules dans le poulailler, la dose sera supérieure aux cas où les éleveurs auront pris la peine de sortir leurs volailles. Ainsi, les œufs provenant des Pays-Bas semblent davantage contaminés que ceux venant de Belgique, à en croire les autorités locales.
Faut-il abattre les poules traitées au fipronil ?
Comme le note Le Figaro, la molécule prohibée se niche dans les graisses des poules et la seule manière de faire disparaître le pesticide est de mettre les volailles dans le noir, afin de "faire perdre leurs plumes et leurs gras aux poules". Mais l’efficacité n’est pas garantie et certains éleveurs préfèrent d’ores et déjà opter pour l’abattage de leurs poules. Près de 300.000 ont ainsi été supprimées aux Pays-Bas, selon l'organisation agricole LTO.